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Où sont passés les grands stratèges ?

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Page 6: Et NBK, il en pense quoi ?

NBK : "Il est presque impossible de préparer un match à la perfection"

Es-tu d’accord avec le constat proposé, à savoir que le jeu est devenu "momentum-based" ?

Salut ! En ce qui concerne les grands séries, oui. Le momentum ou la confiance sont des éléments-clés si l’on veut gagner plusieurs tournois à la suite sur le long terme. En ce qui concerne les victoires ponctuelles, on peut en revanche s’appuyer sur presque tout tant que l’on combine la capacité à surprendre avec un haut niveau de skill.

Tu as connu une ancienne version du jeu sur laquelle tu as également joué au plus haut niveau, est-ce que c’était différent ?

C’était légèrement différent, mais le principe était le même. Quand je jouais sur Source, VeryGames a dominé. En étant à l’intérieur, je savais que c’était parce que l’on atteignait une quantité de travail que les autres équipes n’atteignaient pas. D’un autre côté, nous créions une aura autour de l’équipe, créant des situations spéciales nous permettant de rivaliser avec n’importe quelle équipe pendant qu’elle doutait en affrontant à chaque fois la meilleure équipe du monde. Ce jeu de confiance et de peur était toujours présent, cela nous rendait la tâche facile, et c’est ce qui est arrivé avec NiP durant leur légendaire période d’invincibilité (NdT : 87 maps remportées de suite en lan).

Penses-tu qu’un jeu très orienté sur le "momentum" peut durer sur le long terme ? C’est divertissant à regarder mais n’est-ce pas trop aléatoire pour rester très compétitif ?

Je pense que CS n’est plus comme ça, simplement parce que plusieurs équipes gagnent les tournois. Ce qu’on peut voir maintenant, c’est une équipe qui est emportée par ce momentum durant un seul tournoi, sans l’avoir dans celui d’après. Ensuite, on voit souvent les mêmes équipes dans le top 8, mais c’est juste dû aux limites des équipes et au travail fait au jour le jour. Ce momentum est particulièrement visible parmi les équipes du top 5-6, quand une des équipes domine les autres.

Préférerais-tu jouer un match dans lequel tu es porté par un formidable élan et un super esprit d’équipe mais sans savoir comment joue l’adversaire
OU
Préférerais-tu plutôt avoir une préparation stratégique aux petits oignons sans être porté par un quelconque enthousiasme ?

Je prendrais la première situation, simplement lié au fait que la deuxième approche ne marche presque plus sur CS. Avec la façon dont le jeu est joué ces derniers temps, de façon très dynamique et reposant sur les individualités, il est presque impossible de préparer un match à la perfection. Un état d’esprit d’équipe excellent, un bon teamplay et de la confiance seront toujours les principaux facteurs de réussite pour qu’une équipe soit performante. Ils sont la base d’une bonne équipe, les stratégies sont quant à elles le ciment.

As-tu déjà pensé à te préparer mentalement avant une grande échéance plutôt que de regarder des démos ou de pracc ? Vois-tu cette préparation mentale devenir un standard pour les équipes dans le futur ?

Je me suis penché sur la question du coaching mental depuis un moment déjà mais je n’ai encore jamais rien entrepris. Je pense en effet que c’est une solution déterminante pour de nombreuses équipes. En France nous avons toujours eu des problèmes liés à la communication et aux relations entre personnes plutôt que de vrais problèmes in-game. C’est assurément un axe qu’il faut approfondir.

As-tu une histoire à raconter à propos du momentum ? Par exemple, as-tu déjà réalisé un retour juste parce que vous aviez l’avantage psychologique sur vos adversaires ?

NiP nous l’a souvent fait, mais parfois nous leurs rendions la pareille. A l’ESL One Cologne contre fnatic, quand nous ne pouvions pas clore la partie en menant largement sur D2, c'est ce qui leur est arrivé. La même chose aussi au dernier major, quand Na’Vi n’arrivait pas à finir pendant leur side CT sur Train contre nous. Le momentum t’emporte seulement jusqu’à un certain point, mais finir les parties et "briser les barrières" dépendent de quelque chose d’autre. C’est d'ailleurs plus souvent incombé à l’équipe qui perd, qui n’arrive pas à surmonter ses propres soucis, plutôt qu'à son adversaire qui fait quelque chose d’incroyable ou joue sur la confiance ou le momentum.

Es-tu satisfait de la façon dont est joué Counter-Strike aujourd’hui ? Penses-tu savoir comment préparer de manière efficace un match ? Y aurait-il des choses à changer dans le but de rendre les résultats plus constants ?

Il y a bien sûr des choses à améliorer avec la façon dont nous abordons les évènements, autant au niveau de la préparation que du jeu lui-même. Nous sommes une jeune industrie fleurissante et nous devons prendre exemple sur d’autres sports pour exploiter au mieux le potentiel de chaque joueur. CS repose essentiellement aujourd’hui sur quelle équipe fait le moins d’erreurs et, simplement en renforçant notre mental, en regardant le jeu de manière plus analytique, on peut éradiquer ces erreurs pour s’octroyer plus de chances de gagner. Cependant CS reste un jeu très tendu avec un rythme rapide, c’est très difficile pour les joueurs de garder la tête froide dans toutes les situations.

Une escouade toute attentive à son nouveau leader

Quoiqu’il en soit, même si le jeu est encore jeune comparé aux autres opus, à peine quatre ans, même si l’importance accordée au skill et à la stratégie semble varier selon les périodes et selon les équipes, peut-être que CS:GO est en train de faire naître une petite révolution en mettant en retrait, voire parfois même en supprimant le rôle de leader-in-game au profit d'un "leader-out-game", rôle qu'assume alors le coach. Dans tous les cas, le rôle de leader stratégique tel qu'on le connaissait jusqu'à présent ne semble plus forcément avoir sa place sur la scène actuelle, ou en tout cas plus autant.

Évidemment, toutes ces théories et élucubrations ne prennent en compte que l'aspect stratégique qu'apporte le leader. Il ne prend pas en compte le fait qu'il est un élément humain important, peut-être le plus important de l'équipe, autour de qui celle-ci est soudée. Il est celui qui peut remotiver, qui peut pousser un coup de gueule pour relancer son équipe, qui peut écouter et être écouté. Une équipe sans leader humain paraît difficilement concevable. Et pour ça, pas sûr que n'importe qui soit apte pour reprendre le poste.

Mais c'est un autre débat.

 

Un grand merci à SekYo, Scrat, Dorian et neL pour l'aide apportée sur les réflexions évoquées ; à Scrat (bis) et Stonz pour les traductions ; à NBK et lurppis pour les interviews ; et à L4p et KN0NKer pour la bannière.

Crédits photos : HLTV, DreamHack, 99damage, Vossey

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