Même quand fnatic n'est pas là, la Suède gagne. Dans le pays de Counter-Strike, capable de nous offrir des entrées en scène à donner des frissons, la DreamHack Malmö a vu la renaissance des Ninjas in Pyjamas mais aussi de pronax, avec sa nouvelle équipe GODSENT. Et au milieu de tout ça, le Brésil a pris une claque pendant que la Chine a planté une première banderille dans la hiérarchie mondiale.

Ces ninjas sont éternels

On avait presque oublié qu'ils pouvaient gagner. Plus d'un an sans trophée international, six finales perdues de suite. Et quand on ne les attend plus, les ninjas reviennent et s'imposent dans un tournoi à 250 000 $. Ninjas in Pyjamas a commencé son tournoi en encaissant un 16-2 contre dignitas avant de sortir un parcours époustouflant pour aller soulever cette coupe tant convoitée, devant un public pleinement acquis à sa cause.

Sortir Astralis en poules n'est déjà pas chose aisée, ils l'ont fait. Rencontrer Virtus.Pro en quart de finale n'est jamais un plaisir, l'obstacle polonais a été sereinement géré, 2-0. Restait deux immenses combats tactiques, d'abord en demi contre pronax et GODSENT, enfin en finale contre starix et Na'Vi. À chaque fois, NiP a pu compter sur un THREAT à la hauteur de son nouveau rôle de leader-in-game et surtout sur un jeu parfaitement discipliné, sans fausse note ni gourmandise. Le mental faisait le reste pour une équipe qui tenait bon et concluait en s'imposant par le plus petit des écarts face aux Ukrainiens, 16-14 16-14.

Le niveau affiché par les cinq joueurs a été très bon, mais c'est véritablement ensemble qu'ils ont remporté ce tournoi. Symbole de cette homogénéité : sur la dernière carte de la finale, trois joueurs finissent à 22 frags, un à 23, un à 21. Tout de même, mention spéciale à Xizt qui a prouvé, maintenant qu'il n'a plus le lead à charge, qu'il pouvait lui aussi montrer un niveau de jeu digne des tout meilleurs.

Na'vi reste bloqué sur la seconde marche

La DH Cluj, les finales ESL ESEA Saison 2, la MLG Colombus, et donc cette DH Malmö. Cela commence à faire beaucoup pour Na'Vi dans les tournois à 250 000 $ et plus. Quatre défaites en autant de finales, il y a de quoi commencer à se poser des questions.

Pourtant, l'équipe de l'est avait jusque-là fait un parcours quasi-parfait malgré l'absence de GuardiaN en poules : aucune carte perdue, une équipe d'EnVy balayée en demi-finale, et une seule petite frayeur contre CLG en poules, vite écartée lors de la prolongation pour finalement s'imposer 19-15. Mais voilà, une fois en finale, Na'Vi n'y arrive plus. Et l'équipe ukrainienne ne peut s'en prendre qu'à elle-même, dans ce match qu'on lui donnait gagner d'avance face à NiP. Si chaque joueur a été bon, aucun ne l'a été assez pour porter son équipe et lui donner ce petit quelque chose qui lui manquait. seized aura bien essayé, en vain.

Résultat, les jaunes se font chiper leur carte Dust2 avant de laisser filer un avantage de 13-7 sur Cobblestone. Une défaite cruelle, encore une fois, et ô combien pétrie de regrets. Dans ce mois et demi de tournois à haut cashprize, Na'Vi sera l'équipe à s'en être le mieux sortie globalement avec une demi-finale à Katowice et deux finales à Colombus et Malmö. Mais à coup sûr, ce ne sera qu'une maigre consolation.

GODSENT et pronax ont fait marcher la machine à remonter le temps

Ce n'est pas le plus extraverti, pas celui qui s'affiche le plus sur Twitter, pas celui qui crie le plus en match. Et pourtant, pronax est sûrement l'un des leaders les plus efficaces et les plus à respecter de cette génération. Avec son équipe de GODSENT, qui avait dû passer par les qualifications en ligne pour gagner son ticket à Malmö, on se serait cru revenu en 2013, lorsque fnatic avait réalisé l'exploit de remporter le premier Major en sortant quasiment de nulle part. pronax était déjà là, schneider (ou znajder) aussi.

Le leader suédois a cette capacité, en plus d'être un génie stratégique, de sublimer ses coéquipiers. twist a ainsi sorti un excellent tournoi, et Lekr0 a montré du très bon pour un joueur encore quasiment inconnu à l'international. Le parcours de GODSENT n'a jamais été reposant : sur les huit maps jouées cette semaine, le score était de 8-7 au changement de side lors de six d'entre elles. Toujours serré, et finalement presque toujours à l'avantage des nordiques. Face à G2, CLG et mouz, pronax et sa bande auront le dernier mot. Il faudra une excellente équipe de NiP pour stopper leur avancée au cours d'un match extrêmement serré (16-14 16-19 16-10).

La Suède avait fnatic. Sur ce tournoi, elle a retrouvé des NiP en pleine forme. Et elle vient aussi de se découvrir une nouvelle équipe, bourrée de talents et au jeu d'attaque superbe, qui devrait à coup sûr refaire parler d'elle.

L'Asie tient son exploit

Si une équipe asiatique remporte un Major un jour, on reparlera forcément de cette DreamHack Malmö comme du point de départ de la montée en puissance du continent du soleil levant. Tombé dans une poule regroupant deux demi-finalistes de Colombus, TyLoo a créé la plus grosse surprise de l'histoire de CS:GO en sortant Liquid en Bo1 puis, cerisier entier sur le gâteau, Luminosity en Bo3.

Et pourtant, les statistiques jouent contre l'équipe chinoise. coldzera à +20, fnx à +11, FalleN et fer également en positif. De l'autre côté, seul somebody a réussi à rester dans le vert, tous ses coéquipiers ayant un ratio inférieur à 1. C'est bien grâce à son jeu d'équipe que TyLoo a réussi l'impossible, se basant notamment sur des revenge kills très présents (3ème à ce classement lors des groupes) leur permettant de développer un jeu d'attaque très efficace (dix rounds inscrits sur Cache, neuf sur Inferno).

TyLoo aurait même pu espérer aller plus loin, mais le pire tirage possible attendait les joueurs chinois dans l'arbre. 15 rounds inscrits contre Na'Vi, rien de honteux cependant. Durant un tournoi, l'Asie et surtout la Chine se sont invités à la table des grands. Ce n'est peut-être qu'un aperçu de ce que le futur nous réserve.

 
Les Français rassurent... à moitié et petitement

Ne nous éternisons pas trop sur le sujet, des choses bien plus intéressantes se sont passées cette semaine en Suède. G2 Esports, pour sa première lan avec bodyy et sans Ex6TenZ, n'a inscrit que dix rounds en deux cartes. La faute notamment à une défense inexistante sur Dust2 contre CLG (treize rounds encaissés en CT) puis sur Train contre GODSENT (neuf rounds pris de suite pour une défaite 16-8, malgré un bon premier side terro). Une lan à oublier au niveau résultat, mais à disséquer de fond en comble pour comprendre ce qui n'a pas marché.

EnVyUs a par contre montré du mieux. Éliminée en poules à Katowice puis à Colombus, la formation de kennyS, excellent cette semaine si l'on oublie la demi-finale contre Na'Vi, a éliminé coup sur coup FaZe, Tempo Storm et dignitas, sans concéder une seule map et malgré quelques erreurs largement évitables. Mais la demi-finale contre Na'Vi a vu les Français retourner vers leurs vieux démons et se faire détruire par des Ukrainiens bien trop solides en défense. Les deux premiers attaquants, apEX et DEVIL, n'ont pas existé, ce qui n'a pas facilité la tâche, et kennyS s'est éteint au pire moment possible. Un top4 reste tout de même un bon résultat pour une équipe qui n'avait plus obtenu un tel résultat depuis début février, mais sa marge de progression semble énorme si elle arrête de commettre de stupides erreurs à foison.

 
Les outsiders se rebellent (un peu)

Attendu au tournant après sa non-qualification pour le Major, dignitas a répondu de la meilleure des manières en infligeant une leçon de CS à NiP sur Overpass (16-2, dont 13 rounds marqués en attaque) avant de dominer ses compatriotes d'Astralis, 16-9. Malheureusement, le jour de repos aura été fatal à MSL et ses coéquipiers. Tombée face à EnVy en 1/4, la formation ne montrait quasiment plus rien et se contentait d'inscrire trois petits rounds en terro en deux maps. Largement insuffisant, malgré un Kjaerbye des grands jours.

À peu près pareil pour mousesports. Une phase de poules splendide, marquée par deux victoires face à Liquid (16-13) puis LG (16-7), où toute l'équipe montre un bon niveau de jeu. Et puis arrive l'arbre, et un tirage qui semble abordable contre GODSENT. Mais comme d'habitude, seuls NiKo et cette fois-ci nex se montrent à la hauteur quand il le faut. Dans un match très serré et tendu jusqu'au bout, les Suédois viendront finalement à bout de mouz, qui aura encore une fois perdu un match accroché qui aurait pu tourner en sa faveur. La patience de NiKo est mise à rude épreuve. Mais il y a bien un jour où ça finira par passer...

Et même si ce n'est pas vraiment un outsider, Virtus.Pro pourrait rentrer dans cette catégorie. Toujours à la recherche d'une performance référence en 2016, les Polonais ne repartiront pas de Suède en l'ayant trouvée. Pourtant solides en poules, avec un Snax qui confirme son retour à son meilleur niveau, écartant FaZe puis Tempo Storm sans difficultés, VP s'est fait calmer par NiP dès le premier tour de l'arbre en se prenant un double 16-12. L'année a commencé depuis bientôt quatre mois, le printemps a pointé le bout de son nez, alors ce serait bien pour leurs supporters que l'équipe sorte de sa période d'hibernation.

La logique n'était pas en Suède cette semaine

Exit dès le premier tour l'équipe ultra-favorite en l'absence de fnatic, Luminosity. Peut-être trop confiants, sous-estimant un peu leurs adversaires, ou tout simplement en roue libre après leur exploit d'il y a deux semaines, les Brésiliens ont été surpris par mouz puis TyLoo malgré un bon niveau de jeu individuel affiché par chacun. Sûrement un simple incident de parcours, mais cela montre le travail qu'il reste à faire pour s'installer durablement au top. 

Pourtant solide dans les groupes habituellement, Astralis a complétement craqué cette fois-ci. Deux défaites contre dignitas puis NiP où seul device s'est montré à la hauteur, laissant dupreeh et karrigan dans le fond du scoreboard.  

L'Amérique aussi est passé à côté. Au nord, Liquid s'est incliné sans gloire face à mouz puis TyLoo, bien loin d'afficher son niveau de la MLG. L'autre équipe américaine engagée, CLG, a entretenu l'espoir en humiliant G2 16-2 avant d'emmener Na'Vi en overtime, mais l'équipe de jdm64 a fini par lâcher l'affaire contre GODSENT dans le match décisif. Au sud, Tempo Storm, que l'on attendait après sa bonne performance de Katowice, n'a pu reproduire la même chose. Une victoire en Bo1 face à nV faisait naître l'espoir, mais les Français se vengeaient 2-0 en Bo3 le lendemain et coupaient court à tout exploit brésilien.

FaZe Clan inaugurait sa première sortie avec kioShiMa. Malgré quelques clutchs réussis face à son ancienne équipe, trop d'inconstance et un match inaugural perdu contre Virtus.Pro condamnaient le Français et sa nouvelle clique à une dernière place de groupe. FaZe n'est toujours pas sorti des poules depuis son arrivée sur la scène CS:GO...

Et pour finir ce tour complet, on pourra retenir que Lounge Gaming aura finalement servi de rampe de lancement à NiP, les Polonais ayant été les premières victimes des ninjas, s'inclinant 16-8 en poules après une première défaite face à Astralis 16-9.

Le classement final :

Ninjas in Pyjamas : 100 000 $
Natus Vincere : 50 000 $

3/4. EnVyUs : 22 000 $
3/4. GODSENT : 22 000 $

5/8. TyLoo : 10 000 $
5/8. dignitas : 10 000 $
5/8. mousesports : 10 000 $
5/8. Virtus.Pro : 10 000 $

9/12. Luminosity Gaming : 2 000 $
9/12. Counter Logic Gaming : 2 000 $
9/12. Astralis : 2 000 $
9/12. Tempo Storm : 2 000 $

13/16. Team Liquid : 2 000 $
13/16. G2 Esports : 2 000 $
13/16. Lounge Gaming : 2 000 $
13/16. FaZe Clan : 2 000 $

Crédits photos : DreamHack (Adela Sznajder, Abraham Engelmark)