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Zeus, histoire d'un foudre de guerre

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Page 1: Des cyber-cafés aux premières grandes scènes

Après six ans et demi passés sous les couleurs jaunes de Na'Vi, Zeus a été mis en retrait par l'équipe. C'est un véritable monument de Counter-Strike qui tourne à cette occasion une immense page de son exceptionnelle carrière, tout simplement celle du meilleur leader à avoir jamais émergé de l'immense vivier de l'est européen. Zoom sur l'histoire d'un joueur dont le parcours n'est pas forcément très connu de ce côté de l'Europe.

Lorsqu'il découvre les jeux vidéo au début des années 2000, de nombreux titres s'offrent à lui : StarCraft, Quake, Warcraft… Et Counter-Strike. S'il touche un peu aux trois premiers, c'est pourtant vers le dernier cité qu'il va se diriger. La raison ? C'est le seul qui se joue en équipe. Une qualité qui va faire la différence pour Zeus, et qui explique sans peine pourquoi il sera leader-in-game et capitaine presque partout où il passera. Tout seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin. Une petite phrase qui pourrait presque résumer sa carrière tant il aura toujours essayé de s'entourer de compagnons qui partageaient la même vision de jeu que lui.

Et dès ses premières années de jeu, il va en trouver un. Dans les cyber-cafés qu'il fréquente à Kharkiv, sa ville natale, se trouve un autre jeune joueur de son âge qui va devenir son binôme pendant plus de dix ans : Edward. Ensemble, ils participent à toutes les lans organisées dans l'est européen et regroupant des équipes venant de Biélorussie, de Kazakhstan, d'Ukraine… Autant d'occasions de se tester et de progresser, bien loin des projecteurs, mais dans un milieu où les rivalités sont féroces et où chaque mois, à chaque nouvelle sortie, il faut prouver son niveau pour garder sa place.

Rapidement, Zeus rejoint Edward dans son équipe Pro100 avec laquelle ils disputent, à 16 ans à peine, les qualifications pour les WCG 2003. Et même si le succès n'est pas au rendez-vous, Zeus vient pour la première fois d'effleurer la grande scène internationale. Les années qui suivront vont lui faire gravir pas à pas les échelons qui l'amèneront bien plus haut.

En 2004 et 2005, l'équipe Pro100 se construit une réputation de plus en plus solide, obtenant de bons résultats lors des ASUS Cup, lans saisonnières importantes, contre les meilleures équipes de la région. Mais cela ne suffit évidemment pas, et l'appel du niveau supérieur se fait de plus en plus fort. En 2005, l'équipe a de nouveau l'opportunité de participer aux WCG. Il faut pour ça qu'elle se sorte de la qualification ukrainienne, qui regroupe aussi A-Gaming (qui compte B1ad3 dans ses rangs) et eXplosive (alors avec starix), les deux principales formations du pays.

Il ne faut pas laisser passer l'occasion, et Zeus l'a bien compris : Pro100 va se montrer impérial. A-Gaming est écarté une première fois au deuxième tour de l'arbre, 19-16. eXplosive suit en demi-finale, 16-9. La grande finale contre des A-Gaming sortis du loser bracket sera un véritable carnage, Pro100 inscrivant 13 rounds en CT sur Cbble pour conclure 16-8. Ça y est, l'équipe peut aller défier le monde.

Edward, Zeus, Kane, zaz0r et KEKC, l'équipe Pro100 aux WCG 2005

Évidemment, le haut niveau est bien différent et dans un format qui offre des groupes de trois, la jeune équipe ukrainienne va tomber sur deux morceaux de qualité contre lesquels elle ne pourra rien faire : tout d'abord les mousesports de Roman R., puis les Brésiliens de g3nerationX. Une double défaite qui amène une élimination prévisible mais qui n'empêche pas les cinq joueurs de continuer à rêver. C'est donc sur le même chemin qu'ils entament 2006, ajoutant les ASUS Cup d'hiver et d'été à leur palmarès avant de se voir offrir une nouvelle chance aux WCG après avoir de nouveau remporté la qualification nationale.

En Italie, à Monza, l'équipe ne va cette fois-ci pas faire de la figuration, et Zeus va inscrire son nom sur les tablettes d'une compétition internationale pour la première fois de son histoire avec un top 9/16. Après une phase de poules bien maîtrisée, la formation tombe sur un bel os du nom de Team3D qui compte dans ses rangs volcano, moto ou encore Rambo. Difficile de faire pire pour un premier match à élimination directe à ce niveau. Rien de honteux au final, un match perdu 16-10 16-8 qui arrête tout de même ici le parcours des Ukrainiens. Ils retournent dans leur pays avec le statut d'équipe nationale numéro 1, mais pourtant, 2007 ne va pas vraiment se passer comme prévu. La formation stagne, les A-Gaming, chez qui est passé starix, reprennent le dessus. Et rien ne va aller en s'arrangeant puisque Edward, moitié de Zeus depuis bientôt quatre ans, quitte le navire.

Remarqué pour ses performances individuelles, il met fin à la tradition russe en débarquant chez Virtus.Pro, organisation déjà largement renommée sur la scène. Du côté Pro100, la décadence continue puisque l'ESWC 2007 file sous le nez de Zeus et de ses congénères. Mais, point positif pour le leader, Virtus.Pro se rate lors de l'événement, l'équipe sortant dès le premier tour de l'arbre après une sévère défaite face aux futurs vainqueurs danois de NoA. Qu'à cela ne tienne, si un changement n'a pas suffi, deux feront peut-être l'affaire. Exit KALbl4, bienvenue… Zeus. Influencée par Edward, la structure fait venir le leader chez elle. Le duo est reformé, et avant de faire le bonheur de Na'Vi, c'est chez Virtus.Pro qu'il va faire des heureux.

Dès les premiers tournois, tout colle : le rival A-Gaming est battu lors de l'ASUS Cup Summer, et l'Intel Challenge Cup tombe aussi dans la poche de l'équipe russo-ukrainienne. L'arbre est parfaitement géré, les Finlandais de CMAX.gg battus deux fois en overtime, en finale du winner bracket 22-18 et en grande finale 19-15, et les 20 000 $ offerts au vainqueur sont acquis. Cerise sur le gâteau, l'ASUS Cup Winter 2008 est aussi pour VP. Alors, même si ce départ dans une équipe étrangère prive Zeus des WCG, disputés en équipe nationale, il fait désormais partie du top mondial, et son talent de leader et capitaine commence à être clair à la vue de tous.

Mais après la lune de miel viennent les premières difficultés. Pour le premier tournoi majeur de l'année 2008, les IEM II, Virtus.Pro arrive en tant qu'outsider. Mais rien ne va se passer comme prévu : une lourde défaite face à SK Gaming 22-8 (dans certains tournois, tous les rounds des matchs de groupes étaient disputés, même une fois qu'une équipe avait atteint les 16 rounds nécessaires à la victoire, pour des questions de goal-average), une autre plus serrée contre Alternate 17-13 et un nul face aux Coréens d'e-STRO mettent Zeus et ses hommes à la porte dès les poules. Un échec qui pousse l'équipe à remercier Sally, membre pourtant historique de la formation, pour amener un ancien coéquipier du duo Zeus-Edward, Kane. Virtus.Pro passe à dominante ukrainienne.

Un transfert qui va avoir bien du mal à faire effet : malgré l'arrivée d'un joueur familier à Zeus et une organisation qui la soutient à 100%, l'équipe ne fait pas grand-chose. Si elle gagne les ASUS Cup Summer & Autumn, les tournois décidément préférés du leader, les très grandes compétitions ne lui réussissent plus. Après l'échec des IEM en début d'année, c'est cette fois-ci l'ESWC qui va stopper net les ambitions de la formation. La faute à un goal-average défavorable après une lourde défaite face aux Frenchies d'emuLate, 16-6. Résultat, dehors dès la seconde phase de poules. Scénario quelque peu similaire aux IEM III Dubaï : les poules sont cette fois franchies, mais SK Gaming dit non dès le premier tour de l'arbre. En loser bracket, Made in Brazil achève les joueurs de l'est qui finissent sur un décevant top 7/8.

Autant de performances trop justes qui vont faire rentrer Zeus, Edward et Kane à la maison. Le bon vieux tag Pro100 reprend du service, juste le temps d'aller disputer la DTS-Cup 2009 et de sortir Virtus.Pro dès le premier tour du loser bracket histoire de prendre une petite revanche personnelle. Mais surtout, le temps de voir de nouveau le duo Zeus - Edward séparé. DTS.chatrix, où évolue un certain markeloff, fait venir Edward, le joueur ukrainien le plus en vogue, dans son équipe. Zeus rejoint la formation peu de temps après, mais uniquement car l'équipe d'Edward est partie dans une autre structure, HellRaisers. Les deux jouent au chat et à la souris au milieu de leur scène nationale, qui n'arrive décidément pas à rester stable.

C'est une drôle de période dans la carrière de Zeus, qui change très régulièrement de coéquipiers et de structures, d'où une année 2009 assez peu fournie en terme de résultats. Mais beaucoup plus riche au niveau rencontres : début décembre, c'est avec starix et ceh9 (alors connu sous le nom d'Esenin) qu'il va se retrouver chez KerchNET. Cependant, cette première formation ne dure pas longtemps et se dissout rapidement. À sa place va apparaître l'une des meilleures équipes à avoir jamais évolué sur un Counter-Strike, où Zeus restera près de six ans : Natus Vincere. Né pour gagner. Na'Vi. Pour l'anecdote, elle évoluait déjà sous ce tag à ses débuts mais voulait en changer. Et c'est un utilisateur d'HLTV qui fera remarquer que ces quatre lettres étaient les initales de la formule latine, ce qui poussera le cinq à finalement adopter ce nom.

L'histoire de la création de Na'Vi tient presque de la fiction tant cela paraît improbable. Au milieu d'une scène ukrainienne regorgeant de talents mais totalement désordonnée, un homme va arriver avec son chéquier et régler tout ça en deux coups de cuillère à pot. Murat Tulemaganbetov, aussi connu sous le nom d'Arbalet, organisateur des tournois du même nom et homme d'affaires kazakh, va contacter starix, référence de la scène nationale, à l'aube de l'année 2010. Et pour faire simple, il va lui dire : construis la meilleure équipe ukrainienne possible. Ne tiens pas compte des affinités, des comportements, des ressources financières, je m'occupe de tout. L'idée paraît totalement utopique, pour ne pas dire stupide. On ne construit pas une équipe comme ça, en un claquement de doigts.

Et pourtant si. Aussi improbable que cela puisse paraître, cette manière de faire va accoucher de l'une des meilleures équipes de tous les temps. starix va contacter ceh9, markeloff, Edward et Zeus. Tous vont dire oui. Zeus avait trouvé sa nouvelle maison. Et lui pour qui l'esprit d'équipe était plus important que tout, lui qui avait choisi Counter-Strike à cause de ça il y a plus de sept ans, allait pouvoir écrire les plus belles pages de son histoire avec son binôme éternel et ses nouveaux compagnons.

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Encore un très grand dossier de la part de mi(l)kafun :D
Meeh, c'est pas compliqué de voir le L pourtant, c'est comme le chocolat !
En réponse à Traxx #2 - Répondre à ce commentaire
1 point(s)
T'as quand même une image de pingouin au lieu d'une vache, le paradoxe chocolatier dans sa splendeur !
En réponse à MilkaFun #5 - Répondre à ce commentaire
0 point(s)
Quel palmarès.. Impressionnant.
Le regard de guardian à côté dafuq XD
En réponse à Quavo #4 - Répondre à ce commentaire
3 point(s)
merci @ MilkaFun pour un dossier impressionnant sur un joueur impressionnant en espérant qu'il gagne un jours se majors tant désirer :)
Sans offense mais relis-toi quand même là c'est juste pas possible
En réponse à Holtimo #6 - Répondre à ce commentaire
1 point(s)
Bj le Dossier ! Très propre !
ce palmares de ouf, un grand joueur
Dossier de très bonne qualité et très complet. C'est toujours intéressant pour ceux qui n'ont pas connu ces époques, de connaître l'évolution des joueurs ;)

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