Quiconque découvrirait la scène aujourd'hui ne ferait pas vraiment attention à eux. Et pourtant, ils ont été les héros de toute une génération. Il y a quelques années, ce sont eux qui se faisaient lever les salles et ravissaient les moviemakers grâce à leurs fantastiques actions. Alors même s'ils ne retrouveront plus jamais leur niveau d'antan, même si aujourd'hui ils sont redescendus, ils ont déjà été sur le toit du monde.

Yegor "markeloff" Markelov

Couteau suisse de son équipe, rifler de première intention mais aussi capable de toucher à l'AWP pour compléter WorldEdit chez FlipSid3, le markeloff actuel n'a plus grand-chose à voir avec le monstre qui évoluait chez Na'Vi lors de la création de la structure en 2009. Il est impossible de deviner en le voyant jouer actuellement que le joueur de 28 ans a révolutionné le sniper sur Counter-Strike et est sans aucun doute le plus sérieux prétendant au titre de meilleur AWPer de tous les temps sur la franchise de Valve.

Parce que oui, markeloff a été, pendant près de trois ans, le meilleur sniper du monde et même plus encore. Numéro 1 du tout premier Top 20 d'HLTV en 2010, de nouveau sur le podium l'année suivante avec une troisième place, il reste encore aujourd'hui la référence absolue du fusil vert sur Counter-Strike premier du nom.

Avec le trophée de meilleur AWPer de l'Arbalet Cup Europe 2010

Capable de décaler n'importe où n'importe quand, extrêmement rapide, markeloff a été l'un des premiers à aller chercher ses adversaires avec son sniper, et non pas à les attendre. Son agressivité et sa vitesse d'exécution impressionnante lui permettait d'aller prendre des entry-kills à peu près où il voulait. Mais de l'autre côté, son extrême précision faisait de lui un véritable mur en défense, capable de repousser une prise de la corniche sur Dust2 ou un rush en B sur Train à lui tout seul.

Cette formidable palette de compétences lui a permis de faire partie de l'une des équipes les plus dominantes de son temps, Natus Vincere, après avoir été contacté par starix pour l'intégrer. En compagnie de ce dernier ainsi que de Zeus, Edward et ceh9, ces cinq-là vont marquer l'histoire d'1.6 en étant les seuls à réaliser sur la même année (2010) le fabuleux triplé IEM – ESWC – WCG. Une performance qui permettra entre autres à Na'Vi de remporter 215 573 $ sur cette seule année, record absolu sur le premier opus de CS.

Mais 2010 n'était qu'un début et durant les deux dernières années de vie d'1.6, markeloff continuera d'écrire sa légende au fil des premières places et des podiums trustés par l'équipe ukrainienne. On peut ainsi citer, pêle-mêle, des victoires à la DH Winter 2010, aux IEM V et aux IEM VI Kiev, et des deuxièmes places à l'ESWC 2011, la CPH Games, la DH Summer ou la Gamegune, tout en 2012. Une aventure de près de trois ans sous les couleurs de Na'Vi qui va être stoppé par le futur roi des FPS, le petit frère qui aura réussi à réunir les joueurs d'1.6 et de Source, Counter-Strike : Global Offensive.

Ce n'est pas l'aventure Na'Vi qui va s'arrêter là, c'est l'aventure markeloff. Ou plutôt, elle va prendre un chemin différent. Bien loin des sommets, des titres et de la gloire. Car le génie de l'AWP ne se fera jamais totalement à ce nouvel opus, tout comme ses coéquipiers. Du moins au début, car on sait où sont Zeus et Edward aujourd'hui. Même si markeloff essaiera de garder son fusil vert, qui lui rapportera la 15ème place du classement HLTV en 2013, il n'arrivera jamais à la cheville du monument qu'il était sur 1.6.

Il y aura bien des changements d'équipe, qui ressemblaient plus à une descente aux enfers qu'autre chose avec des passages chez Astana Dragons, HellRaisers et aujourd'hui FlipSid3. Quelques trophées remportés, mais rien de bien significatif. Et surtout, un AWP de plus en plus délaissé. markeloff sans fusil à lunette, un comble. Il aurait pu abandonner, quitter le jeu, lui qui à 28 ans a sa place déjà réservée depuis longtemps dans le cercle des légendes. Mais il n'en a rien fait.

Il a adapté son style, est passé dans ce rôle indéfinissable et bâtard de support player derrière lequel chacun met un peu tout et n'importe quoi. Il n'est plus la star de son équipe, et des jeunes qui découvraient le jeu quand il était déjà au sommet tentent de lui piquer sa place dans les plus gros tournois. Mais markeloff n'est pas encore mort. Il a pour lui son immense expérience, sa grande humilité, et surtout cette capacité à se sublimer quand il le faut, dans les matchs décisifs. Ce n'est pas un hasard si, parmi tous ses anciens coéquipiers, il est le seul – avec Zeus – à avoir disputé tous les Majors.

Peut-être qu'il ne brille plus autant qu'avant, mais il est toujours là. Et lorsqu'il lui arrive de retoucher un peu à son AWP adoré et d'enchaîner plusieurs frags, tous ceux l'ayant connu sur 1.6 ne peuvent s'empêcher de sourire en se rappelant du joueur hors-norme qu'il était.

L'une des meilleures équipes de l'histoire du jeu, à gauche en 2010, à droite en 2016

Pour en savoir plus :

• Son portrait réalisé par Valve à l'occasion de la DH Cluj-Napoca
• Une de ses nombreuses fragmovies
• L'un de ses clips les plus connus. Fake ou réalité ?
• Pour les plus anglophones, "Who is markeloff ?", une vidéo de Thorin revenant sur l'histoire du sniper ukrainien