Après une dernière journée remplie de suspense, tant en Europe qu'en Amérique, l'ESL Pro League saison 5 va enfin connaître son dénouement cette semaine à Dallas. Cocorico, deux équipes françaises feront le déplacement, avec des ambitions qui devraient toutefois être un peu différentes. Petit tour d'horizon des enjeux de ces finales à 750 000 $.

G2, pour confirmer son rang parmi les grands

Malgré un début de saison calamiteux avec huit défaites en neuf matchs, G2 Esports a profité de sa première sortie en lan aux finales SL i-League S3 pour se remettre dans le droit chemin. La remontada était en route, et seul North aura empêché l'équipe française de s'emparer de la première place du classement final. Entre temps, le succès à la DreamHack Tours achevait de convaincre les plus sceptiques qu'après tout, cette line-up avait peut-être de l'avenir.

Si la victoire sur le sol français était belle, elle ne représente pourtant pas grand-chose face à ce qui attend shox et ses hommes dans les jours qui arrivent. EnVyUs, Tricked, mousesports et HellRaisers, voilà les adversaires qu'ils avaient écarté à la DreamHack. SK Gaming, fnatic ou encore Cloud9, voilà ceux qu'ils retrouveront à Dallas. Pas franchement le même calibre.

Dans cette poule de la mort, qui offrira de nouveau un derby G2 - EnVy, les points seront durs à aller chercher. Et NBK & Co ont montré qu'ils étaient capables de tout en Bo1 en lan : gagner tranquillement contre SK comme aux finales SL i-League, et perdre lourdement face à Tricked à la DH Tours. Ce coup-ci, avec cinq rencontres à jouer, les Français auront deux jokers à tout casser, ce qui n'est pas forcément un luxe au vu de leurs opposants.

Ne pas sortir des poules serait une déception, même avec le plateau relevé qu'il y a en face. Ensuite, si quart de finale il devait y avoir, sur le papier, G2 peut battre toutes les formations de la poule B en Bo3. Bref, les attentes sont élevées pour cette sortie. C'est qu'on aimerait bien voir une équipe française tout en haut de la hiérarchie mondiale. La dernière fois, c'était il y a un an.

EnVyUs, pour confirmer que ce n'est pas qu'une équipe secondaire

À la base, il était compliqué de voir en EnVy autre chose que l'équipe des seconds couteaux, celle formée en conséquence du shuffle, avec des joueurs qui n'avaient pas franchement décidé d'être là. Et puis au fur et à mesure des semaines, le staff, le leader, les joueurs, tous ont répété que ce cinq avait un réel esprit et un avenir prometteur devant lui s'il restait concentré sur ses objectifs.

Pour l'instant, on ne va pas se le cacher, il est compliqué de voir en ces paroles autre chose que de la communication. Sortie très tôt au cs_summit et à la DH Tours, la bande d'Happy a mis du temps à convaincre, jusqu'à obtenir cette qualification pour ces finales, un vrai bol d'air et une occasion de montrer qu'elle vaut mieux que ces résultats passés. Peu avaient misé sur EnVy à la veille de la dernière journée, puisqu'il lui fallait deux victoires contre Astralis pour gagner son ticket pour les États-Unis. L'équipe n'a pas tremblé et l'a fait d'une superbe manière.

À la peine en lan, plus à l'aise en ligne, EnVy ne va partir favori dans aucune des cinq confrontations qui l'attend cette semaine, si ce n'est peut-être contre Immortals, qui se présentera avec un nouveau joueur dans sa line-up. En interview, Happy regrettait que certains joueurs ne tiennent pas leur rôle et aient "peur" d'avancer. La pression avait aussi joué un rôle dans la méforme d'EnVy à Tours. Cette fois-ci, les Boys in Blue n'ont rien à perdre : une sortie en poules ne serait pas étonnante ni même honteuse. Vraiment, à Dallas, EnVy a tout à gagner.

SK, pour confirmer que les Brésiliens sont bien la meilleure équipe du monde

On s'inquiétait pour SK Gaming depuis son titre à l'ESL One Cologne : la line-up brésilienne enchaînait les places d'honneur sans réussir à mettre ses mains sur le trophée. Le kick de fnx et le stand-in de fox n'ont pas arrangé les choses niveau stabilité, et on se demandait quand est-ce qu'elle allait retrouver le chemin du succès. D'autant plus que felps semblait très bien intégré, proposant des performances largement à la hauteur de sa nouvelle formation. 

Et puis tout s'est débloqué il y a un mois. Triomphe au cs_summit, suivi d'une victoire convaincante aux IEM Sydney en humiliant OpTic en demi (16-1 / 16-6) avant de ne laisser qu'une seule carte à FaZe lors de la finale en Bo5. De nouveau, la formation d'Amérique du Sud peut prétendre au titre de meilleure équipe du monde, même si on aimerait bien voir ce que donnerait un affrontement en trois maps face à Astralis. Mais les Danois ne se sont pas qualifiés pour ces finales, et les absents ont toujours tort.

FalleN a retrouvé le niveau de jeu qui lui faisait tant défaut depuis début 2017, et SK fera office de favori lors de cette lan. Le seul bémol est dans les adversaires qui l'attendent, et dans ce format si particulier en round-robin qui lui avait valu un échec cuisant à Katowice, alors que ses rivaux ne faisaient pas aussi peur. En Bo1, G2 l'avait emporté aux finales SL i-League et Cloud9 l'accroche régulièrement en ligne. Avec en plus un match contre le rival national Immortals, ces groupes constituent sans doute le plus grand danger pour les Brésiliens. Une fois passés, en Bo3, bien moins nombreux seront ceux capables de les embêter.

Na'Vi et North, pour confirmer que leur mal-être n'est plus qu'un mauvais souvenir

Les mêmes paroles reviennent pour Na'Vi avant chaque événement. À chaque fois, on se dit que c'est la lan qui peut lui servir de référence, le tournoi qui peut lui permettre de se relancer. Et au moment de faire le bilan on se rend compte que non, l'équipe de l'est a encore échoué à se relever. Dernière désillusion en date, un piteux top 5/6 à la DH Tours après s'être fait gifler par mouz (3-16) puis Misfits (4-16 lors de la carte décisive). Le cinq a beau se dire plus soudé qu'avant, prêt à triompher de nouveau, on attend toujours. Il ne s'est d'ailleurs qualifié qu'au tout dernier moment pour ces finales, après s'être fait très peur contre Heroic lors du dernier match de la saison.

Heureusement pour lui, il est tombé dans la poule la plus abordable. En plus, Na'Vi n'a jamais eu de problèmes avec les Bo1, que ce soit en round-robin ou en ronde suisse. C'est pour l'instant une garantie solide qui ne l'a jamais laissé tomber. Voir sa compétition s'arrêter dès la première phase serait donc un nouveau (grand) pas sur le chemin de l'échec.

Pour North, l'équation a des similitudes, mais n'est pas exactement la même. Comme pour Na'Vi, pour qui l'arrivée de s1mple devait engendrer un gros boost, chez North, c'était aizy qui devait faire progresser l'équipe. Mais il n'en est pour l'instant rien. Les Danois peinent tellement que les rumeurs envoient déjà valde, récemment mis de côté par Heroic, chez North, à la place d'aizy.

Quoiqu'il en soit, la comparaison s'arrête là car si Na'Vi a des problèmes de lead, North peut de son côté toujours compter sur MSL. Peut-être un peu trop d'ailleurs aux yeux de certains. Si le meneur est capable de fulgurances, bien souvent, il traîne en bas du scoreboard. Cela n'avait pas empêché les siens d'atteindre le très haut du panier, mais si les résultats en dents de scie actuels continuent, il pourrait bien y avoir remise en cause.

Auteur d'une saison en ligne excellente, largement premier avec 57 points contre 48 au deuxième, North n'a pas fait tout ça pour repartir dès la phase de poules. Un bien mauvais souvenir l'hante depuis Sydney et cette défaite face aux Chiefs lors d'un Bo1 décisif. Il faudra l'avoir exorcisé pour les rencontres qui l'attendent, ou bien les rumeurs de changement ne feront que s'amplifier.

Les équipes américaines, pour confirmer qu'elles sont toujours en vie

2016 avait été une année faste pour les États-Unis : première finale de Major avec Team Liquid, première victoire dans un gros tournoi avec Cloud9 aux finales ESL PL S4, seconde dans les semaines qui suivirent avec OpTic lors de la deuxième saison de l'ELEAGUE... Et puis d'un coup, plus rien. Liquid et OpTic ont échangé des joueurs, sans grand succès, ce qui a fait disparaître Hiko de la scène, et C9 a oublié comment elle avait fait pour s'en sortir aussi bien.

Résultat, au Major de début d'année, aucun slot de Légende n'est revenue à une équipe nord-américaine, et depuis, ce n'est pas vraiment mieux. La finale du summit a opposé une line-up brésilienne à une kazakh, et la DreamHack Austin n'a même pas eu droit à un représentant national en demi-finale.

Seul OpTic a, assez étonnament étant donné qu'elle n'a toujours pas de cinquième joueur fixe, réussi à sauver les meubles avec un top 3 aux IEM Sydney. On pourrait aussi parler de Misfits et de son top 3/4 à Tours, mais la nouvelle équipe d'AmaNEk et devoduvek ne sera pas à Dallas.

Sera présent le trio habituel C9 - Liquid - OpTic, accompagné de NRG, qui cartonne dans les ligues en ligne et surprend régulièrement les plus gros mais a un peu plus de mal en lan, preuve en est de ce déplacement raté à la CPH Games résultant d'un top 5/8 bien décevant (même si le cinq a fait un changement depuis). Cloud9 aura du mal à se frayer un chemin dans la poule la plus compliquée, mais à domicile, elle devrait au moins poser des soucis à ses adversaires. Les plus courageux pourraient mettre une pièce dessus. Dans le groupe B, au moins un des trois autres devrait s'en sortir : préférence pour OpTic, qui doit confirmer que jasonR est bien l'homme qui lui faut, au moins jusqu'au Major.

Les poules - Le stream ESL France

Début des matchs mardi 30 mai, 18h30

Crédits photos : DreamHack (Jussi Jaaskelainen), ESL (Helena Kristiansson)