Après une Copenhagen Games finalement sans grande surprise hormis la victoire de LDLC sur Titan en quarts, les meilleures équipes européennes se sont donné rendez-vous à Jönköping en Suède, pour l'édition 2014 de la DreamHack Summer. La plus grande lan du monde accueillera en plus des milliers de joueurs casuels, seize grandes écuries continentales pour un tournoi CS:GO doté de 30 000 $. Un nouvel événement incontournable de la scène internationale qui, à la surprise de beaucoup, n'a pas reçu le support de Valve qui reste pour le moment silencieux sur la troisième compétition majeure du circuit.

Lors de la dernière édition hivernale, Fnatic avait créé la sensation en s'imposant après une finale de folie contre les Ninjas in Pyjamas. Ces mêmes Ninjas in Pyjamas qui ont quant à eux remporté la DreamHack Summer 2013 face aux mêmes joueurs qui évoluaient alors sous les couleurs d'Epsilon après s'être fait une énorme frayeur contre Publiclir.se en poule, lors d'une des rencontres qui restera sûrement gravée dans l'histoire du jeu. C'est simple, si l'on va encore plus loin, depuis la DH Winter 2010 et la victoire de Na`Vi, soit depuis six opus, seules des équipes suédoises ont remporté le titre.

Alors qui pourra stopper les équipes à domicile lors de cette DreamHack Summer 2014 ? Les principaux prétendants sont là, même si, on regrette l'absence des Danois de Dignitas et des Franco-Suisses de LDLC qui auraient clairement eu un rôle à jouer dans ce tournoi mais ont été contraints d'annuler leur participation pour permettre à certains joueurs de passer leurs examens. Et oui, les examens, tueurs officiels de sports électroniques depuis 1980. Vivement les licences et masters "eSport" en Occident...

Plus sérieusement, les organisateurs ont adopté le même format que précédemment avec cette fameuse phase de poules GSL en BO1 qui a déjà fait quelques ravages. Quatre équipes sortiront de chaque poule : deux sortiront en boite de nuit pour noyer la tristesse de leur élimination dans l'alcool tandis que les deux autres sortiront leur carnet de notes pour anti-strater leurs adversaires pour les quarts de finale.

Pour terminer cette première partie de la preview de la DreamHack Summer 2014, zoom sur les groupes A et B qui se dérouleront sur la journée du samedi 14 juin. 

Poule A

 Ninjas in Pyjamas

Xizt  GeT_RiGhT  Friberg  Fifflaren  f0rest

Mikz Challenge  Finales SLTV IX  CPH Games  EMS One Katowice

Les numéros un mondiaux sont en forme et sont prêts pour aller défendre leur titre sur leurs terres à Jönköping. Après sept mois de disette sur la scène internationale, Ninjas in Pyjamas a enfin rebondi en remportant la Copenhagen Games devant Virtus.Pro. Bien que les Suédois avaient perdu un peu de leur superbe en fin d'année 2013, ils n'ont toujours pas terminé en dehors d'un top 4 lors d'une lan internationale depuis bientôt deux années. Une régularité impressionnante presque insolente qui place les coéquipiers de GeT_RiGhT comme les favoris de cette poule mais également de la compétition entière. 

Ils ont écopé d'une poule abordable où seuls les Français d'Epsilon semblent assez solides pour aller les accrocher même en BO1. Ils affronteront les anciens Alternate qui évoluent désormais sous le tag Berzek en match d'ouverture. Ils n'ont historiquement jamais perdu une seule carte contre ces Allemands et on voit mal comment cela pourrait changer lors de cette DreamHack Summer. Logiquement, les NiP devraient affronter les Epsilon pour la première place en quart de finale, une rencontre inédite sous forme de premier gros test. 

La force des Ninjas in Pyjamas réside dans leur mental d'acier et leurs barres chocolatées. Ils savent gagner en ayant la pression du statut de favoris. Certainement bien préparés avec un bootcamp de cinq jours cette semaine qui devrait leur avoir permis de rectifier les erreurs observées lors des finales Starladder, les NiP partent en pôle position pour défendre leur titre et continuer la suprématie suédoise à la DreamHack. Le gros danger pour eux est finalement assez imprévisible puisqu'il s'agit éventuellement de la montée en puissance et de la révélation soudaine d'une équipe comme a pu le faire Fnatic, Virtus.Pro ou Na`Vi dernièrement. 

 Epsilon

shox  GMX  mistou  Sf  KIOSHIMA

5/6. Hitbox Arena  GA 2014 9/12. EMS One

Anciennement Clan-Mystik, les nouveaux Epsilon ont eu un peu plus d'un mois pour se préparer après l'arrivée de shox et le changement de meneur, un poste désormais occupé par GMX. L'expérience des grands événements de HaRts était une sorte de sécurité, de garantie dans la gestion des moments difficiles en lans internationales. Pour GMX, il est venu le temps de sauter dans le grand bain et ce sera son premier grand rendez-vous dans le rôle de leader. Le résultat final d'Epsilon dépendra forcément de sa capacité à surmonter les éventuelles tensions à venir et à garder son équipe mobilisée tout au long du tournoi.

Si shox a quitté Titan en ayant notamment mis en cause la gaminghouse et ses méfaits, il ne lésine pas sur l'entraînement depuis son arrivée dans cette nouvelle équipe. En effet, les Epsilon s'entraînent de 17h à minuit depuis maintenant plusieurs jours soit un rythme très élevé. Une période intense indispensable lorsqu'une formation a subi de tels changements de fond. Clan-Mystik a toujours eu un sniper attitré que ce soit KQLY ou kennyS, désormais, le jeu des Epsilon devrait se diriger sur un sniper de situation. Un risque contre des équipes ayant justement un sniper attitré comme les Finlandais d'ENCE qu'ils affronteront en ouverture. Manque de bol pour les Français, le meilleur joueur d'en face est "allu", l'un des grands spécialistes du fusil vert en Europe. 

L'une des autres énigmes de cette formation Epsilon tourne autour du dernier arrivé mistou qui va effectuer sa deuxième sortie internationale après la DreamHack Valencia en juillet 2013. Les deux événements ne sont évidemment pas comparables et le jeune espoir aura désormais la pression, peut-être pour la première fois de sa carrière. Ses débuts n'ont pas été folichons et si Epsilon vise le dernier carré, il devra améliorer son niveau de jeu. 

 ENCE eSport

allu  Makke  Scurk  natu  disturbed

9/16. CPH Games

Toujours présents dans ce genre de compétitions internationales, les Finlandais d'ENCE eSport n'ont toujours pas réussi à percer depuis un an et demi. L'impression que cette équipe qui se présente avec une composition différente à chaque tournoi, stagne aux portes du top 10 européen sans jamais inquiéter les grosses écuries continentales. Visiblement pas frustré de ce manque de résultats, le vétéran natu a encore une fois été invité à participer à cet événement après avoir pourtant échoué en qualification. 

Difficile de dire quoi que ce soit sur ce genre de formations caractérisée par une instabilité chronique. Retour de joueur puis départ, puis retour, le début du mois de mars a été très agité pour ENCE qui a enregistré plusieurs aller-retours en l'espace d'une semaine. A la Copenhagen Games, les Finlandais n'ont pas fait de miracle s'inclinant lourdement et logiquement en huitièmes de finale face aux Ninjas in Pyjamas. Des Suédois qu'ils pourraient retrouver ce samedi. 

Depuis la Copenhagen Games, ENCE n'a effectué qu'un changement (incroyable mais vrai) : MAKKE a intégré l'effectif à la place de sunNy. L'absence de bootcamp et le manque d'une véritable préparation condamne quasiment cette équipe à ne pas atteindre son objectif de passer les poules. Hormis allu, tous ces joueurs sont individuellement moins forts que les favoris du groupe. La probable rencontre face aux Berzerk pourrait, peut-être, les mettre sur les rails... en direction de l'aéroport. 

 Berzerk

asmo  SolEk  alexRr  fel1x  kRYSTAL

3/4. EPS Spring 2014 9/16. CPH Games

Après près de quatre ans d'une stabilité quasi-parfaite, les anciens Alternate n'ont jamais autant bougé que ces derniers jours. Après le retrait de Rak, les joueurs ont quitté Alternate pour une destination toujours inconnue. Invité également malgré un échec lors du tournoi de qualification, Berzerk fait office de petit poucet de la compétition. Avec la recrue du jeune alexRr n'ayant aucune expérience à ce niveau, ces joueurs ne sont pas près de réaliser un exploit similaire à la Copenhagen Games 2012. De plus, les coéquipiers d'asmo ne sont pas vraiment dans une dynamique positive après un gros échec aux EPS Spring 2014 qui a suivi une Copenhagen Games sans surprise où ils se sont inclinés contre Titan en huitièmes de finale. 

Grâce à leur fanbase, les Berzerk se déplaceront en Suède grâce à un financement participatif lancé il y a quelques jours et qui a rassemblé plus d'un milliers d'euros. Ils auront donc l'obligation de faire du mieux qu'ils pourront mais dans une poule où le fossé entre les deux favoris et les deux outsiders semble bien trop grand, difficile de les voir passer cette phase de poule. 

Cette formation s'appuie principalement sur son joueur phare en la personne de kRYSTAL qui est clairement l'élément le plus solide. S'il parvient à rééditer ses précédentes prestations, voire même se surpasser, Berzerk pourra espérer battre ENCE et inscrire quelques rounds contre le perdant d'Epsilon - NiP. 

Poule B

 Virtus.Pro

Snax  pasha  Neo  Byali  TaZ

Spring League 4. Finales SLTV IX  CPH Games  EMS One Katowice

Après le triomphe aux EMS One Katowice qui résonne comme le sacre ultime pour ces Virtus.Pro, les Polonais n'ont pas ralenti, participant à toutes les compétitions et réalisant de très bons résultats avec une finale revanche perdue lors de la Copenhagen Games puis une petite désillusion lors des finales de la Starladder avec "seulement" une quatrième place. Plus récemment, les hommes de Neo ont réussi à calmer les ardeurs des Dignitas en grande finale de la FACE IT Spring League, tâche loin d'être facile quand on connait la forme des Danois en ce moment. L'équipe est de nouveau en course pour tenter d'aller accrocher un titre en Suède, un pays qui ne leur a pas forcément réussi sur CS:GO.

Dans le trio de tête de la hiérarchie mondiale, Virtus.Pro est comme à l'image de Ninjas in Pyjamas, très solide. Et, l'équipe semble avoir compris comment ne pas/plus se faire surprendre par des outsiders. Pourtant, cette poule B pourrait s'avérer très piégeuse face à des équipes possédant de très fortes individualités. Sur le papier, Virtus.Pro comporte une formation plus en place que ses adversaires mais c'est, dans ce groupe, la seule équipe ayant effectué de très nombreux matchs officiels avant cette DreamHack. 

De l'autre côté, et notamment London Conspiracy qui sera l'adversaire du premier tour pour les Polonais, l'entraînement a été nettement plus discret et on connait le potentiel des équipes scandinaves surtout en BO1. D'autant plus que l'homme fort des EMS One, Byali n'a pas été au maximum de son potentiel ces derniers temps au contraire de pasha qui reste régulier au top du top et qui sera encore une fois décisif dans le parcours de son équipe. 

 Fnatic

schneider  Jesperw0w  flusha  devilwalk  pronax

5/8. CPH Games 5/8. EMS One  DH Winter 2013

Après le triomphe surprenant lors de la DreamHack Winter 2013, Fnatic s'est stabilisé dans le top 5/8 mondial grâce à des résultats réguliers à ce niveau là des différentes compétitions dont les EMS One à Katowice et la Copenhagen Games, battus de justesse respectivement par LGB eSports et Dignitas. Les faits sont là, Fnatic est peut-être l'équipe qui est la moins performante dans les matchs très tendus se jouant au round près. Les hommes de pronax auront certainement à coeur de continuer leur belle série dans les événements DreamHack puisque, en plus d'avoir remporté l'édition hivernale 2013, ils étaient également parvenus en grande finale lors de l'édition estivale avec le tag Epsilon. 

En parlant d'entraînement sous-marin, les Fnatic se sont doucement fait oublier après la Copenhagen Games en se regroupant dans un bootcamp d'une durée d'un mois. C'est ici que réside la force de l'écurie suédoise qui aura clairement un effet de surprise à réaliser durant cette phase de poules. Là encore, sur le papier, l'équipe est plus solide que son premier adversaire : SK Gaming. Bien que ce classico du sport électronique s'annonce comme l'une des plus belles rencontres de la journée du samedi, il est logiquement déséquilibré en faveur des coéquipiers de schneider. 

Fnatic peut même prétendre à sortir premier de poule si son trio flusha - Jesperw0w - schneider évolue à son meilleur niveau. En ce qui concerne une éventuelle phase finale, Fnatic peut légitimement viser le dernier carré mais devra s'extirper d'un match forcément difficile en quart de finale. 

 SK Gaming 

pita  roque  emilio  eksem  SKYTTEN

9/16. CPH Games

Alors que tout le monde s'attendait à voir les anciens LGB eSports atterrir chez SK Gaming, c'est une nouvelle formation issue majoritairement de Property et emmenée par pita qui a séduit les dirigeants de la structure allemande. Une recrue qui a sans doute permis une hausse de motivation dans les troupes où l'on retrouve des joueurs comme emilio et roque qui avaient peine à percer à l'international. Ils en ont désormais l'occasion en étant accompagnés de trois joueurs qui ont quant à eux fait leurs preuves en dévoilant un sacré niveau de jeu individuel. Pour leur premier événement ensemble, cette DreamHack semble un poil trop relevée pour eux qui espèrent évidemment passer cette première phase mais dans une telle poule, inutile de vous dire que ce sera très difficile. 

Alors quand on rajoute le facteur historique et la dernière sortie à Jönköping d'une écurie aux couleurs de SK Gaming déjà emmenée à l'époque par pita, on est de moins en moins optimiste. Le même scénario que la DreamHack Winter 2013 ne serait pas étonnant, où, rappelez-vous, les SK Gaming s'étaient effondrés sur le plan sportif mais également psychologique et s'étaient fait sèchement éliminer dès le premier tour. Un coup dur dont le spectre pourrait venir embêter le capitaine dans les moments de tension. 

Battre Fnatic ou Virtus.Pro relèverait d'une énorme performance mais après tout, quand on prend l'équation qui fonctionne durant les DreamHack (une équipe suédoise sous-estimée avec des individualités fortes), le cas SK Gaming pourrait très bien correspondre. Et si la future révélation de ce tournoi n'était autre que SK Gaming ? 
Euh... non, sûrement la nostalgie qui a parlé. Désolé. 

 London Conspiracy

maak  Rubino  Polly  skurk  rain

9/16. CPH Games  Assembly Winter

Après un début d'année canon, ceux qui évoluaient alors sous les couleurs de H2k avaient eu du mal à retrouver le top européen avec un échec en qualification aux EMS One face aux 3DMAX ainsi qu'une série de défaites dans de petits tournois en ligne sans grande envergure. A la Copenhagen Games, les nouveaux "London Conspiracy" n'ont également pas fait de miracle terminant comme beaucoup d'autres dans le top 9/16 du tournoi représentant ainsi bien leur niveau actuel. Suite à ce résultat, les Norvégiens ont perdu leur ouvreur hoyland remplacé par le jeune et peu expérimenté, rain. Bien sûr réaliser l'exploit de sortir des poules est leur objectif, bien sûr le BO1 est à leur avantage mais il y a peu de chances que cela se produise. 

Ce qui manque cruellement aux hommes de Polly est une victoire de référence sur une équipe du top 8 européen, une victoire sur laquelle s'appuyer pour progresser. Malheureusement pour eux, ils n'ont jamais trouvé la clé pour inquiéter une telle formation et dans un groupe d'une DreamHack, ce manque d'expérience évident, est souvent fatal. Pour accéder aux quarts de finale, un lot de coïncidences devra leur être favorable : Un alignement spécial de la Terre avec Mars et Pluton, Voldemort qui aurait lancé une malédiction sur pasha, un TaZ saoul et un Neo distrait par sa charmante compagne. Avec cela, les London Conspiracy auront leur chance... 

Blague à part, si dans certaines équipes, des joueurs se démarquent des autres, chez les Norvégiens, tout le monde semble à la même hauteur en terme de prestations individuelles. Face aux favoris, elles sont généralement assez faibles. Une compétition qui espérons-le, permettra à ces joueurs de s'enrichir et les poussera à persévérer. 

Les poules A et B se joueront ce samedi.