Aleksi "allu" Jalli

allu est un peu comme rain : un très bon joueur, mais bien seul dans son pays. Contrairement au voisin suédois, la Finlande n'a jamais vraiment réussi à sortir une équipe talentueuse sur CS:GO, 3DMAX version finlandaise n'ayant pas été un franc succès. C'est ainsi qu'allu a souvent dû s'exiler dans d'autres équipes, dont mousesports, pour essayer d'exprimer son talent. Il a ainsi pu glaner quelques places d'honneur, sans jamais réellement réussir à sortir du lot.

Jusqu'à cette année. Lorsque Maikelele quitte NiP, le sniper nordique saisit sa chance et déjoue les pronostics, qui voyaient plutôt Delpan arriver chez les ninjas. allu devient le septième joueur à porter les couleurs de Ninjas in Pyjamas sur CS:GO. Et même si au final, cette équipe n'aura rien gagné cette année, les six finales disputées (dont une de major) auront permis à allu de montrer à tous ce qu'il vaut vraiment. Faire peser sur lui l'échec de la saison suédoise serait bien mal connaître les statistiques du joueur finlandais cette année. Certes, lui aussi a eu ses ratés, mais il a souvent été un élément déterminant dans le parcours des ninjas lors de leurs différentes bonnes performances.

Contrairement à Maikelele, allu n'est pas un sniper "fou-fou", qui va aller agresser une zone pour prendre l'entry-kill. Plus calme, mais aussi certainement plus solide et plus régulier que son prédécesseur. Pour son premier tournoi, à… Katowice, allu va monter en puissance : moyen en poules, avant d'augmenter son niveau jusqu'en finale, où il sera le meilleur joueur, tout simplement, avec son 1.39 de ratio et ses 75 kills. Le seul avec GeT_RiGhT à résister à l'incroyable olofmeister. Pour sa première finale de major, allu n'a pas tremblé. Il a préféré faire trembler son adversaire. Ce ne sera pas suffisant pour cette fois, mais le ton est donné.

Toujours solide, il ne pourra pas empêcher les défaites de son équipe en finale de la Gfinity Spring I et des finales SLTV StarSeries XII, bien qu'il ait été le meilleur parmi ses coéquipiers lors du premier cité. Les tournois s'enchaînent, les NiP peinent un peu (beaucoup ?) et n'accrochent plus que quelques places d'honneur, comme un Top 3/4 à la DH Summer et deux nouvelles finales perdues lors des finales FACEIT S1 contre TSM et du Gfinity Summer I face à EnvYuS. allu est bon, mais ça ne suffit pas. Pour gagner, il faut maintenant être excellent.

Et à l'ESWC, les NiP et allu ne vont pas l'être du tout. Défaits à la surprise générale en 1/4 de finale par Flipsid3, avec une action lors de la carte décisive qui lui vaudra les railleries de toute la communauté, et qui sonnera surtout la fin du parcours des ninjas dans la compétition. Le mois suivant, à Cologne, lors du major, le Finlandais tentera bien de se rattraper en faisant renaître la "NiP Magic", si spécifique à ce type de tournoi, mais ses efforts seront vains. Dans l'arbre, contre Virtus.Pro, il est le seul des cinq à finir en positif, et ne peut éviter l'élimination dès les 1/4.

A ce moment-là, raté pour raté, autant aller jusqu'au bout. La saison des NiP est une catastrophe ? Passons en mode FFA, jouons au skill, sans pression, sans se prendre la tête. Le résultat ? Ça marche. Les cinq joueurs repartent de l'avant. A Dubai, GeT_RiGhT élimine Cloud9 presque tout seul ; allu prend le relais pour sortir EnVy, en collant 42 kills en deux cartes, un de moins que f0rest et ses 43, un de plus que Xizt et ses 41. Le lendemain, TSM dira stop, mais les ninjas sont de nouveaux dans le coup, allu aussi.

Dans la foulée de la Gfinity Champions où il sort 108 frags contre fnatic en 5 cartes, alors que friberg coule avec un -47, la DreamHack Cluj arrive. Un nouveau major, pour se remettre la tête à l'endroit. 40 kills contre Titan, 35 contre TSM, allu participe au parcours assez inattendu de NiP, qui se termine sur une demi-finale où GuardiaN et Na'Vi démoliront les Suédois. Tant pis, Cluj rattrape (un peu) l'échec de Cologne.

Sa fin d'année sera bonne, mais son équipe ne suivra pas : il est le seul à surnager contre LG aux finales FACEIT S3, avec 72 kills, mais cela ne suffit pas à éviter l'élimination. Puis aux finales Fragbite S5, il participe largement à la victoire contre fnatic avec son 61-48, et malgré un ratio toujours au-dessus de 1, il doit laisser la victoire à ces mêmes fnatic le lendemain lors de la revanche.

Il n'y a déjà plus de suspense pour 2016, allu ne restera pas chez NiP. Si l'on regarde uniquement les résultats, les dix mois et demi passés avec l'écurie suédoise sont un échec : aucun trophée gagné et des éliminations prématurées dans nombre de tournois importants. Mais peut-on imputer toute la responsabilité à allu ? Quid d'un friberg qui a raté toute sa saison, d'un Xizt en demi-teinte ? Le Finlandais a fait partie de NiP durant la pire période de l'écurie. Il a rempli son rôle, été solide quand il le fallait, a même porté son équipe seul à certaines occasions. Ça n'a pas suffi. Mais cette année, allu a prouvé qu'il était un sniper de classe mondiale. Sûrement pas le meilleur, mais un sniper bon et régulier, également capable de parfaitement manier le rifle, et que la pression n'affectait que rarement. Alors, pour Counter-Strike, pour la Finlande, pour le redbull, espérons qu'allu se trouve une belle équipe pour 2016.

Et l'année prochaine ? Qui arrivera au sommet ? NiKo et nex continueront-t-ils à cartonner chez mouz ? jdm64 et tarik relanceront-ils les espoirs de la scène américaine ? s1mple arrivera-t-il enfin à se trouver une équipe performante ? aizy parviendra-t-il à reproduire ses incroyables performances de l'époque Dignitas ? Et qui créera la surprise en s'extirpant de la masse du subtop mondial pour grimper tout en haut ? Réponse en décembre 2016. 

Crédits photos : ESL, DreamHack

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