Brèves

WebTV

Actualité de la scène

Compétitions



kennyS et l'anomalie des VaKarM Awards

5483 2

kennyS a gagné six VaKarM Awards. Six d’affilée, dans la même catégorie : sniper de l’année. Entre 2012 et 2017, il n’a laissé personne toucher à cette récompense, prenant le relais de SmithZz et pavant la voie à ZywOo. Une performance unique qui cache toutefois une anomalie. Depuis le début de sa carrière, kennyS n’a en effet jamais remporté le VaKarM Award du joueur de l’année. Une profonde injustice.

S’il fallait citer un joueur qui a marqué CS:GO en France avant que ZywOo ne détruise tout sur son passage, la réponse oscillerait sans aucun doute entre shox et kennyS. Un rifle de génie, un AWPer fou, deux joueurs si forts qu’ils se sont tournés autour pendant des années avant, enfin, de se retrouver chez G2 en 2017 et d’aller conquérir la couronne de rois du 2vs2.

Mais si shox compte trois VaKarM Awards du joueur de l’année dans sa vitrine personnelle et n’a pas manqué une édition depuis que les Awards existent, kennyS n’a jamais reçu ce prix malgré neuf nominations entre 2012 et 2020, ce qui fait de lui le détenteur (avant 2021) d’un triste record de non-victoires. Et franchement, la communauté a été bien sévère en ne lui octroyant même pas une seule fois ce prix.


Trois fois deuxième, deux fois troisième, on passe le bonjour à Raymond

Il y a des années où le débat n’a pas lieu d’être, et les pourcentages de votes obtenus reflètent d’ailleurs plutôt correctement la réalité. Depuis 2018, personne ne peut ainsi rivaliser avec ZywOo. Les autres prétendants au plus prestigieux des Awards se partagent les quelques miettes laissées par des votants généreux, un peu perdus ou victimes d’un missclick.

En 2012 et 2013, kennyS monte encore en puissance. S’il s’impose assez aisément dans le cadre du sniper de l’année, il ne fait pas encore le poids contre les titans shox et ScreaM dans la catégorie suprême. En 2016, la campagne phénoménale de shox à la tête de G2 clôt instantanément les débats. Un an plus tôt, c’était Happy qui avait continué d’impressionner après un premier titre acquis lors de la cérémonie précédente, menant EnVyUs à la victoire en Major et dans la lutte pour le trône mondial durant toute la saison. Happy reste d’ailleurs le seul leader in-game à avoir été élu joueur de l’année, et le seul bénéficiaire de cette distinction à n’avoir jamais obtenu le plus de suffrages dans au moins l’une des deux autres catégories "reines", rifle et sniper, au cours de sa carrière.


Happy, le leader qui priva par deux fois kennyS de l'Award

Restent deux années qui posent vraiment question, 2014 et 2017. Lors de la première, kennyS évolue à un niveau stratosphérique. Arrivé chez Titan fin avril pour remplacer shox, il va rapidement se distinguer en accumulant les performances de très haut niveau au sein d’une équipe qui joue quasiment entièrement autour de lui. Sa domination individuelle s’avère sans partage, à tel point qu’il truste la première place dans bon nombre de catégories statistiques au niveau international en fin d’année.

Seul problème, malgré kennyS, Titan rame et ne gagne quasiment rien. Le VAC BAN de KQLY et la disqualification de la DH Winter, dernier Major de l’année, achèvent une saison finalement bien terne sur le plan collectif. Tout le contraire de celui qui va le battre, Happy, qui réalise un automne canon avec la nouvelle mouture de Team-LDLC, vainqueur du Major à la DH Winter, après avoir déjà amené l’ancienne au sommet de la scène française et parmi les meilleures du monde lors des deux autres Majors de 2014.

Et puis Happy ne fait pas qu’orchestrer : il sait aussi fragger, une qualité pas si commune que ça chez les meneurs de l’époque. Son titre de MVP à la DH Winter, récompense qu’aucun autre leader lauréat de Major n’a obtenu, a définitivement scellé son aura. Lors des votes, la communauté, la tête encore un peu dans les étoiles suite à la victoire à la DreamHack qui a eu lieu deux mois plus tôt, fait ainsi pencher la balance pour Happy, 36,80 % contre 29,03 % pour kennyS. Un peu cruel, mais pas illogique.

En revanche, en 2017, appelons-ça un vol ! Certes, RpK, gagnant de l’Award, a été l’une des rares satisfactions au cœur d’une année galère pour EnVyUs. Il a su jouer de plus en plus juste, réalisant une fin de saison de haute volée, ce qui n’a pas manqué d’inspirer des votants à la mémoire limitée. Parce qu’en face, ce n’est pas pendant trois mois que kennyS a charbonné, c’est de janvier à décembre qu’il a broyé des thorax et fait exploser des têtes !


2017, année de réussite pour kennyS avec G2... sauf aux VaKarM Awards

Lors des trois tournois gagnés par G2 cette année-là (DH Tours, Finales ESL Pro League S5 et DH Masters Malmö, autant dire du gros calibre), le sniper reçoit la médaille individuelle de MVP, auxquelles il faut en ajouter une quatrième glanée en janvier lors des Finales WESG avec EnVyUs. Il est le seul Français à figurer dans le Top 20 individuel de HLTV, se hissant à la septième place et affichant encore une fois des statistiques indécentes à l’échelle de la scène toute entière : plus haut taux de duels gagnés en ouverture (61,5 %), meilleur rating sur le side CT (1,23), deuxième ratio de frags à l’AWP par round (0,43), troisième meilleure différence frags/morts (+517)... Que ce soit individuellement ou collectivement, kennyS est indéniablement au-dessus. Ce titre de meilleur joueur de la scène française lui revient plus que logiquement.

Mais si la communauté était logique, ça se saurait. Ravie de voir son RpK national retrouver un peu de sa gloire d’antan, influencée par les dernières semaines précédant le vote et oubliant le reste de la saison morose d'EnVyUs, peut-être aussi déçue par les quelques échecs de la "superteam" G2 dont celui du PGL Major Krakow, elle va une fois de plus dénigrer kennyS et permettre au Tank de remporter son troisième Award de joueur de l’année, quasiment une décennie après son doublé en 2008 et 2009. Le résultat final affiche un malheureux écart de 14 voix (432 contre 418), soit moins de 1 % (29,19 % pour RpK, 28,24 % pour kennyS). Le dénouement le plus serré de l’histoire de la catégorie reine des Awards, notre Tour de France 1989 à nous.


Si apEX ne gagne pas cette année, il rejoindra kennyS avec neuf nominations mais aucune victoire

kennyS ne remportera jamais le VaKarM Award du meilleur joueur de l’année. La fusée ZywOo, qui en a déjà récolté trois, devrait poursuivre sur sa trajectoire encore quelques années, à moins qu’elle n’explose en vol – ce qui serait surprenant – ou qu’une autre comète n’apparaisse et ne vienne lui faire concurrence. Mais ce ne sera très probablement pas kennyS, même s’il retrouve une équipe et parvient à nouveau à briller, tant ZywOo semble avoir mis quelques années-lumière entre lui et ses compatriotes en termes statistiques.

C’est un peu triste que le nom d’un des plus grands joueurs tricolores de la dernière décennie ne soit pas inscrit à ce palmarès aux côtés de ceux de RpK, NBK, shox, ScreaM, Happy et ZywOo. Il l’aurait largement mérité au moins une fois pour l’ensemble de son œuvre. Mais telle est la dure loi des VaKarM Awards, décernés par une communauté capable d’être aussi magnanime et généreuse qu’amnésique et injuste.

N'oubliez pas d'aller voter aux VaKarM Awards 2021 !

... Commentaires en cours de chargement ...

Vous devez posséder un compte VaKarM et être connecté pour commenter les articles