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Quand SK dominait le monde, déjà !
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Personne n'aurait pu imaginer l'ascension fulgurante de ce qui n'était qu'un "clan" formé un soir de 1997 près de Cologne en Allemagne par les frères Reichert et quelques amis de l'université. Surtout pas eux. Ce qui n'était au début qu'une petite bande d'étudiants jouant à Quake sans souris deviendra, six ans plus tard, l'organisation de sport électronique la plus prestigieuse du monde. Si le jeu d'ID Software est à la base de Schroet Kommando abrégé par la suite en SK Gaming, c'est véritablement Counter-Strike qui donnera ses lettres de noblesse à une structure devenue société et dirigée par le tumultueux Alexander "TheSlaSH" Müller.
Schroet Kommando se distinguera rapidement des autres clans en intégrant des équipes sur des jeux différents dont Counter-Strike, des joueurs étrangers (comprendre ici non-Allemands) mais également en étant l'une des premières équipes à posséder sa propre page internet. Concernant le FPS de Valve, SK fera ses premiers pas avec des équipes locales avant de passer à la vitesse supérieure en 2002. Forte de l'arrivée de nouveaux sponsors dont Intel, l'organisation fera le premier grand coup de sa longue et riche histoire sur CS en attirant le duo HeatoN - Potti ayant d'ores et déjà marqué la légende en remportant l'année précédente la CPL Winter 2001 sous le mythique tag Ninjas in Pyjamas.
Il faudra désormais compter sur SK Gaming et son équipe scandinave bâtie autour du binome suédois. La formation évoluera constamment tournoi après tournoi intégrant des anciens NiP ici ou là ou encore les joueurs en forme du moment comme les Norvégiens Dark et bien sûr XeqtR avec qui Potti et HeatoN conserveront leur prestigieux titre lors de la CPL Summer 2002. Si la communauté est désormais habituée à voir les deux lettres en majuscule apparaître sur les podiums des grandes lans internationales, 2003 marquera l'intronisation de l'organisation sur la scène mondiale.
Si nous connaissons la scène francophone comme très consanguine, entendons par là que ce sont, à très forte majorité, les mêmes têtes qui reviennent dans les deux meilleures équipes du pays, dans l'une ou dans l'autre, la Suède n'est également pas en reste. Le début d'année 2003 en sera l'un des premiers exemples avec la fusion des SK et des Team9, sans doute les deux écuries les plus performantes à ce moment-là. Difficile de faire mieux pour SK Gaming qui reçoit avec cette équipe "All-Stars" un cadeau de Noël un peu en retard.
Potti et HeatoN à la base de l'équipe, ici à Cannes.
Tout a été pensé dans la construction de cette équipe. Le Suédois Andreas "bds" Thorstensson, alors co-directeur de SK Gaming s'occupant de l'équipe CS scandinave, souhaitait que ses cinq joueurs habitent la même ville en l'occurence la capitale, Stockholm. Mi-janvier, il est fier d'officialiser la nouvelle équipe suédoise allant représenter SK Gaming : Emil "HeatoN" Christensen, Tommy "Potti" Ingemarsson, Christoffer "brunk" Elfving, déjà présents dans la précédente formation, Christer "fisker" Eriksson et Michael "ahl" Korduner en provenance de Team9.
Certains disent que c'est une première en tout cas, c'est l'avis des responsables de SK Gaming : les joueurs ont signé un contrat leur octroyant un salaire mensuel. Une chance unique à l'époque.
Direction la Côte d'Azur pour leur première sortie en équipe. Cannes, connu pour son festival cinématographique et lieu prisé de la jet-set, a été retenue comme ville étape du circuit CPL. Une bonne nouvelle pour la France qui voit débarquer en ce mois de mars une quarantaine d'équipes dont les SK évidemment, les nouveaux Team9 de vesslan, les Mousesports de Roman R. ou encore les *aAa* de Maarek.
Un tournoi au niveau peu relevé que les coéquipiers de HeatoN vont facilement survoler, du premier match de poule à la grande finale face à leurs compatriotes de Team9. Personne ne parviendra à leur prendre plus de neuf rounds, pas même les Frenchies de la triple voyelle jouant à domicile. Un succès d'une insolante facilité. A la question du secret de leur réussite, Potti répondra "Kebab, eat a lot of kebabs", preuve de la confiance régnant d'ores et déjà au sein de cette formation.
Les joueurs vont tomber de haut. Si Cannes leur a réussi, Toulouse et la première et dernière édition de la ClikArena resteront un mauvais souvenir. D'une part à cause d'une organisation loin d'être irréprochable et d'autre part par une double défaite face à la dreamteam norvégienne eoLithic, d'abord en overtimes en demi-finale puis de manière plus conventionnelle en lower bracket. Les SK quittent l'Hexagone par la petite porte avec une médaille de bronze au goût amer. Un mois après la CPL Cannes, des premiers problèmes arrivent en interne. La force de frappe, les SK l'ont. Le côté tactique est en revanche à améliorer. La nouvelle double défaite face aux mêmes eoL en qualification à l'ESWC est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
elemeNt, l'enfant prodige |
L'équipe a besoin d'un vrai stratège expérimenté. HeatoN et fisker qui ont tenu ce rôle jusqu'à présent souhaitent se concentrer sur leur viseur, à juste titre. Leur dévolu se jette sur un jeune Norvégien de 16 ans à peine. Son nom ? Ola Moum. Son pseudo ? elemeNt. Cette légende de Counter-Strike est également l'une des plus précoces. Monstrueux individuellement, son calme et sa vision de jeu ont fait de lui un leader naturel dès son plus jeune âge. Rival d'une autre légende norvégienne, plus âgée, XeqtR, cette concurrence n'a pas empêché les deux de jouer ensemble et d'échanger leur savoir-faire. A la Clikarena justement, c'est bel et bien elemeNt et ses compatriotes qui ont éliminé SK.
Du haut de ses secondes places à la CPL Winter 2002 et à la Clikarena, le visage d'elemeNt est déjà connu de tous. Certains le considèrent même comme le meilleur joueur du monde. Profitant des problèmes administratifs chez eoLithic, SK Gaming va faire l'une de ses fameuses offres-que-l'on-ne-peut-pas-refuser au jeune prodige : six mois de contrat et le salaire qui va avec.
Plus tôt que d'écarter un membre de l'équipe, les SK vont reprendre une idée lancée par les Américains de Team3D. Plus on est de fous, plus on rit. SK Gaming fera désormais avec un effectif composé de six joueurs. L'idée est d'avoir un remplaçant afin d'optimiser les entraînements, d'avoir plus d'avis sur les stratégies et ainsi d'avoir une formation performante quelque soit le contexte. Christoffer "brunk" Elfving devient donc sixième homme chez SK laissant sa place dans le cinq actif au jeune meneur.
La dissolution des eoL permet aux SK de participer à la toute première édition de l'ESWC. Pour la troisième fois de l'année, Potti et ses compères embarquent pour la France, plus précisément cette fois-ci pour le Futuroscope de Poitiers. Avec 100 000 $ de prizepool, l'ESWC est un événement majeur du calendrier et le gratin mondial a fait le nécessaire pour y répondre présent. Là encore, SK Gaming fait honneur à son seed #1 encaissant une moyenne de quatre rounds par carte sur les deux phases de poules. Le quart de finale face aux surprenants Bizounours de HaRts n'est qu'une formalité et SK rejoint les Américains de zEx, tombeurs de 4Kings, en demi-finales.
Avoir une équipe de six joueurs va alors prendre tout son sens bien qu'a posteriori de légitimes questions peuvent être posées. En effet, cette demie est devenue célèbre, les SK décidant d'écarter elemeNt, alors en poste jusque-là, au profit du sniper de brunk. Pourquoi à ce moment-là ? La raison évoquée met en cause la carte, Train, dont les grandes allées favorisent le jeu à l'AWP. Le Norvégien n'aurait également jamais joué sur cette carte depuis son intégration.
La sanction va être immédiate, Volcano, sunman, shaGuar et compagnie ne font qu'une bouchée des Suédois, inoffensifs. Les SK ne feront plus deux fois la même erreur et si officiellement brunk sera toujours lié contractuellement à la structure, il ne rejouera plus sous ce tag.
elemeNt, fisker, HeatoN, ahl, brunk, Potti, bds
Une semaine plus tard, nous retrouvons les SK à Dallas, de l'autre côté de l'Atlantique pour la CPL Summer 2003. HeatoN et Potti sont tenants du titre et comptent bien conserver leur couronne. La machine est en marche. Et rien ni personne ne parviendra à l'arrêter. Ne serait-ce qu'inquiéter un minimum les SK post-ESWC 2003 relèvera de l'exploit. HeatoN et Potti sont prêts à entrer une fois pour toute dans la légende.
Ni les vainqueurs de l'ESWC de Team9, ni les champions de la CPL Winter 2002 de Team3D ne seront à la hauteur. Impuissants, ils courberont l'échine les uns après les autres devant SK. Rarement 60 000 $ ont été gagnés aussi facilement sur Counter-Strike.
Les choses auraient pu néanmoins se compliquer par la suite. SK Gaming va devoir faire sans elemeNt pour les deux prochains rendez-vous. Les World Cyber Games n'autorisent pas de joueurs étrangers dans les délégations nationales et la CPL Copenhagen tombe durant une période d'examens. Deux échéances importantes pour lesquelles les SK devront compter sur un nouvel élément. Si beaucoup aurait pu penser à brunk, les SK vont faire appel à un joueur à la réputation sulfureuse à l'époque répondant au pseudonyme de SpawN.
La légende SpawN comme vous ne l'aviez jamais vu |
Abdisamad Mohamed, de son nom, ce Suédois s'est révélé avec l'équipe Matrix et a notamment fait une pige chez Team9 lors de la CPL Winter 2002. Loin d'être encore la grande légende que le FPS de Valve s'apprête à connaitre, SpawN est très nerveux à l'idée de jouer dans la meilleure équipe du monde malgré un calme caractéristique. Tellement nerveux que ses premiers entraînements se déroulent assez mal. Potti avouera plus tard dans une entrevue que brunk jouait finalement mieux que SpawN lors des premiers essais. Mais ses coéquipiers lui accordent la confiance dont il avait tant besoin et le confirment pour les qualifications aux WCG.
elemeNt ou pas, SK se débarrasse rapidement de ses quelques adversaires et obtient sa place logique pour les finales mondiales en Corée du Sud. Si les WCG restent un événement majeur de part le nombre d'équipes et le cashprize, le niveau est malgré tout moins relevé qu'une CPL voire même d'un ESWC. Du pain béni pour les hommes de Potti qui ne feront qu'une bouchée des modestes représentants Russes, Canadiens ou même plus surprennnts en demi-finales, Roumains. La grande finale est en revanche une autre paire de manche.
Ce sont leurs rivaux nord-américains de chez Team 3D ayant également survolé leur partie de l'arbre, qui font office de dernière marche vers le titre. Un match retour de la demie de la CPL Summer remportée par les Suédois. Si Dust2 est une formalité pour SK, les Américains se montrent beaucoup plus à l'aise sur Train, une carte historiquement forte des formations issues du Nouveau Continent. Si bien que ces derniers mènent au score au changement de côté. Passés en défense, les SK se montreront néanmoins intraitables, bloquant toute tentative adverse. Ils s'imposent sur le fil et remportent les WCG 2003 ainsi que les jolis 40 000 $ qui vont avec.
Un mois avant la CPL Winter, bouquet final de cette année 2003, les SK décident d'aller faire parler la poudre, non loin de chez eux, à Copenhague, au Danemark. Une étape de la CPL Europe s'y tient et forcément SK est attendu au tournant. Difficile de trouver de nouveaux superlatifs pour illustrer le parcours de l'incontestable meilleure équipe du monde. La balade de santé est sympathique, SpawN s'offre même un match de gala contre l'équipe de son grand frère, MegatoN auquel il ne laissera aucune chance.
En finale, ils battent leurs compatriotes de chez Gamepoint. A l'image des Ninjas in Pyjamas en 2012/2013, les gens commencent à compter la série d'invincibilité des SK. On a dépassé la barre des trente cartes remportées d'affilée. Impressionnant.
SpawN est, entre-temps, devenu une star. Celui qui était nerveux à l'idée de s'asseoir à côté de telles légendes, est devenu monstrueux à tel point que SK va lui offrir un poste. Le Norvégien elemeNt reste bel et bien dans l'effectif mais SK libère brunk et souhaite continuer avec une équipe tournant à six joueurs. SpawN portera donc le maillot des Schroet Kommando à Dallas pour la CPL Winter 2003 où naturellement, le seed #1 leur est promis.
Finale de la CPL Winter 2003
A l'inverse des autres favoris de Team3D qui s'effondreront complètement et quitteront le tournoi à la seizième place, SK domine, humilie, détruit. Arrivés en finale du tableau des gagnants, les SK décident d'écarter SpawN pour jouer avec leur formation "classique" jugée plus à l'aise sur Inferno. Si les démons de l'ESWC 2003 auraient pu ressurgir, il n'en est rien. Loin de là. HeatoN et ses coéquipiers se défont des NoA de shaGuar, method et bsl et accèdent à la grande finale.
NoA explosera Mousesports à la surprise générale et remportera ainsi son match revanche contre les imbattables SK, cette fois-ci pour le titre. SpawN est titularisé à la place de ahl formant une version de SK jamais vue auparavant. L'inédit fait parfois du bien et les NoA seront simplement trop faibles. Les SK remportent la CPL Winter 2003 et terminent ainsi l'une des plus belles années de l'histoire de l'organisation allemande.
Rarement dans l'histoire de Counter-Strike, une équipe aura autant dominé ses contemporains. Avec une série de plus de quarante cartes remportées consécutivement, trois compétitions majeures incluses, les SK 2003 resteront à jamais comme l'une des formations les plus performantes du jeu. Treize ans avant les Brésiliens de FalleN.
elemeNt, HeatoN, Potti, ahl, SpawN, fisker - SK 2003
Cette ultra-domination semblable en beaucoup de points à celle infligée par Ninjas in Pyjamas au début de l'ère CS:Global Offensive, va avoir des effets néfastes et provoquer la descente aux enfers de l'équipe. Début 2004, le jeune elemeNt s'ennuie. L'école le rattrape et celui qui était vu comme l'homme providentiel en juin 2003, ne joue plus autant à Counter-Strike. Il ne faut plus lui parler de tactiques ou de stratégies. Dans une entrevue, il ira même jusqu'à dire que les cris de victoire à la CPL Winter étaient "faux" car trop attendus et prévisibles.
Pourtant en contrat avec SK jusqu'à la fin 2004, elemeNt décidera de quitter le navire à la surprise générale. Pas même ses coéquipiers n'arriveront à réellement comprendre ce choix. Cette décision énigmatique met un terme à la fabuleuse ère SK 2003. Potti et HeatoN ne lâcheront néanmoins pas l'affaire aussi vite et continueront, sous le tag SK, avec ahl, SpawN et fisker. Ils peineront à monter sur quelconque podium international et seront même dépassés par leurs compatriotes de EYEBallers en finale de la CPL Summer. Les SK ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes et décideront d'arrêter les frais. Un dernier scandale liant joueurs, organisation et salaires provoque l'ultime rupture. Les joueurs se séparent.
Schroet Kommando attendra désormais ses nouveaux héros.
SK 2003
47 cartes remportées consécutivement en ligne et lan confondus selon Thorin de la CPL Summer à la CPL Winter 2003 |
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CPL Cannes |
Emil "HeatoN" Christensen |
SK.swe The Lastest Hits par Kaotix
Source : SK-Gaming.com, vossey.com, Gotfrag.com, Liquipedia
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