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Opération dust2

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CET ARTICLE FAIT PARTIE DU CONCOURS STEELSERIES ET A TERMINE SECOND

On a parfois tendance à oublier le fond du jeu, à savoir la lutte entre terroristes et anti-terroristes. Pourquoi se retrouvent-ils là ? Que pensent-ils ? Comment vivent-ils la chose ? Voici un début de réponse.

Satanée poussière. L'endroit en était rempli. J'avais l'impression qu'elle s'infiltrait partout malgré nos combinaisons et kevlars. Maintenant que j'y étais je comprenais mieux pourquoi les gars surnommaient ce lieu « Dust2 » ...

Cela faisait presque un an que j'avais intégré le GIGN, unité anti-terroriste, et voilà qu'arrivait enfin ma première vraie mission de terrain. Le chef nous avait réveillés en pleine nuit en urgence : des terroristes s'apprêtaient à poser des explosifs sur un lieu sensible. Notre mission était bien évidemment de les en empêcher, coûte que coûte ...

- Hey Fred ! Arrête de rêvasser et viens choisir ton arme !

Malgré la précipitation du départ, Marvin notre commandant d'unité avait opté pour emmener tout un stock d'armes diverses afin de satisfaire les goûts de chacun, sans perdre de temps de préparation. Ma préférence allait naturellement vers la M4, avec laquelle j'avais un très bon feeling. Frank et Marvin ont fait de même, tandis que Waldo et Georges étaient des professionnels de l'AWP. Tout un stock de diverses grenades était également disponible. Notre ceinture ne pouvait en porter que trois. J'optais pour une grenade aveuglante, un fumigène ainsi qu'une grenade incendiaire, nouveauté qu'on nous avait proposé il y avait seulement quelques mois.

- Allez les gars, on se bouge le cul et on suit le plan !

J'ai pris la direction que m'avait indiqué Marvin peu de temps avant sur la carte. Notre mission n'était pas évidente du tout. Le lieu disposait de deux lieux sensibles où les terroristes pouvaient faire exploser leur bombe. Il nous fallait donc couvrir les deux endroits, tout en s'assurant d'un soutien rapide à nos collègues en cas de contact. J'étais personnellement en couverture sur le point B, en binôme avec Waldo.

Nous avons couru jusqu'au site en se positionnant de manière à se couvrir mutuellement. A chacun de nos pas, un nuage de poussière s'élevait, venant étouffer nos poumons. Waldo, AWP en main, avait pris une ligne pour anticiper un éventuel rush de l'ennemi.

Le silence s'installait. Chacun était en place sur sa position. La chaleur du petit matin commençait à se faire sentir sous le casque. Le stress, qui ne s'était jusque là pas fait ressentir était maintenant bel et bien présent. L'adrénaline nous tenait en alerte, tous les sens étaient en éveil.

Les premiers bruits de pas semblaient provenir du tunnel, qui débouchait directement sur notre point B.

- Waldo, j'entends des bruits dans le tunnel, tiens-toi prêt !

- Les gars, au moindre contact vous le faites savoir et on arrive en soutien ! rappelait Marvin dans la radio, qui lui était positionné sur le point A.

"Clic". Une grenade se dégoupillait. Je me précipitais alors derrière la carcasse d'une voiture, aussi vite que possible. Un fumigène venait s'installer devant la sortie du tunnel.

- Les gars ça sent pas bon par ici, on voit plus rien !

Malgré son physique hors catégorie et sa voix rocailleuse, Waldo commençait à paniquer. Dans le doute, je dégoupillais ma grenade incendiaire pour la lancer à travers le fumigène, de manière à ce qu'elle explose directement dans le tunnel.

Marvin tentait alors d'anticiper et de rediriger les positions :

- Frank, essaie de les prendre à revers en passant par la partie basse du couloir. Moi je continue de couvrir le point A avec Georges au cas où ce serait une diversion.

Le fumigène commençait à se dissiper, tandis que l'on entendait également de moins en moins les flammes de la grenade incendiaire.

- Je crois qu'on n'a plus rien ici, annonçait Waldo dans un soulagement non dissimulé.

- Frank t'en es où de ton côté ? questionnait Marvin.

- J'arrive dans les escaliers, rien pour le mom... "boum boum schrrrrrssshhhh" !

Je sursautais sous le cri brusque sortant de la radio tandis que des rafales de ce qui ressemblaient à des AK-47 déchiraient le silence.

- MERDE FRANK !

Le signal radio était maintenant coupé, laissant supposer le pire. Mes jambes tremblaient comme une vulgaire feuille morte et je me demandais comment j'arrivais encore à tenir debout. Le silence dans la radio devenait pesant, tout le monde semblait sous le choc.

Tout s'était passé en quelques secondes, sans que nous n'ayons eu le temps de réagir. J'entendais déjà des bruits de pas s'éloigner vers le point A. Marvin reprenait le contrôle de ses émotions et tentait de nous redonner courage et confiance :

- Waldo, va prendre un visuel sur le milieu, il nous faut la maitrise de la corniche. Fred tu restes en B au cas où ce soit encore une diversion !

Waldo s'exécutait, en lachant sa ligne pour sortir du point B, me laissant ainsi seul à couvrir le tunnel.

Une détonation puissante brisait de nouveau le silence. Waldo semblait désorienté :

- Putain je les ai loupé. Ils passent par la corniche !
- On va les recevoir comme il faut !

Georges, le fou furieux de la bande, était tout excité à l'idée d'avoir l'ennemi en ligne de mire. Une fusillade s'engagea au loin.

- FRED RAMENE TOI ! VITE !

Il ne m'en fallait pas plus pour me remettre sur mes appuis et récupérer toute l'adrénaline qu'il me fallait. Malgré le poids des armes, je crois que je n'avais jamais couru aussi vite de ma vie. Une seule idée en tête : rejoindre mon unité avant qu'il ne soit trop tard. Je devais passer par cette fameuse corniche pour éviter d'éventuels snipers embusqués qui seraient déjà passés sur le point A.

Des bruits venaient maintenant de partout. Explosions, rafales, détonations, cris... et rire ! Un rire de dément qui provenait de la radio. Celui de Georges avec son AWP qui, je l'espérais, venait certainement de faire un carnage. Je m'engageais dans la corniche, regardant chaque coin minutieusement afin de débusquer un éventuel terroriste terré dans l'ombre. Mais rien. Rien mis à part le cadavre de Waldo.

Le pauvre était allongé face contre terre, une balle logée dans la tête. Il avait certainement été surpris par un terroriste qui l'attendait de pied ferme. Le regretté Waldo avait commis l'erreur du débutant, pensant le travail accompli, il avait sans doute tenté de rejoindre les siens sur le point A, sans m'attendre.

Le rire de Georges s'était arrêté sans que je ne m'en rende compte. Seule une respiration hésitante dégageait de la radio. Je demandais quand même, avec hésitation :

- Marvin t'es encore avec moi ?

Un long râle plaintif me répondait :

- Pas pour longtemps... Je suis... touché... Georges en a eu trois avant de se faire descendre... Il en reste deux qui sont passés... sur le point A... Ils vont poser la bo...

Sa phrase était coupée par une puissante détonation, celle d'un AWP. Je retenais ma respiration pour écouter. Le signal radio de Marvin n'émettait plus. J'étais maintenant seul, laissé à moi-même. Partagé entre la souffrance de la perte de mes amis et le stress de l'action.

J'entendais au loin l'activation de la bombe, de quoi vous mettre les idées en place. Les gars n'étaient pas morts pour rien. Mon devoir était de terminer la mission, coûte que coûte ! Pour le bien de tous.

Bip… Bip…

La bombe était maintenant en place et mon temps était compté pour la désamorcer. Je continuais mon avancée sur la corniche jusqu'à déboucher sur l'une des entrées du point A. J'apercevais la bombe et son clignotement rouge. Il s'accélérait doucement, mais aucune trace des terroristes !

Ces fouines devaient être embusquées quelque part, attendant sagement que je m'approche pour me dessouder. Les batements de mon coeur étaient de plus en plus rapprochés, rythmés sur le timing du C4. Mais où sont-ils ?!

- Calme toi Fred !

Bien qu'esseulé, je tentais de reprendre un raisonnement cohérent. Le sniper avait très probablement rejoint le fond de la grande allée, tandis que l'autre devait être caché derrière une des caisses à côté de la bombe.

Je m'approchais discrètement en marchant vers la bombe, tous les sens aux aguets. Toujours rien. Il fallait maintenant agir vite, très vite. Je dégoupillais ma grenade aveuglante pour la lancer derrière la première rangée de caisse tout en courant vers elle, dans le but de surprendre un éventuel terroriste caché ici. Bingo ! Un homme était bien là, complétement désorienté par la grenade. Je braquais ma M4 sur lui. Aucun état d'âme. Une balle dans la tête suffisait.

Une puissante détonation suivie d'un sifflement aigu me frôlait l'oreille. Comme je l'avais supposé, le sniper était bien dans la grande allée et m'avait loupé de peu. A couvert derrière une des caisses, désamorcer la bombe dans cette situation relevait du suicide. Il me fallait mettre hors d'état de nuire le dernier terroriste. Comment ?

Je passais la main sur ma ceinture pour me rendre compte qu'il me restait une derrière grenade, un fumigène. Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Je dégoupillais pour la placer juste à côté de la bombe. Le sniper ne pourrait certainement pas m'avoir à travers.

Une fois la fumée suffisamment épaisse, je me ruais vers la bombe. Cette dernière n'allait pas tarder à exploser, c'était une question de secondes. Le processus de désamorçage commençait. Sueur au front, j'entendais alors des bruits de pas s'approcher. Je lâchais le désamorçage pour reprendre ma M4 et vider mon chargeur à travers le fumigène.

Nouveau silence. Le terroriste était-il mort ? Les bips de la bombe continuaient à s'accélérer. Soudain une forme équipée d'une arme de poing se dessinait dans la fumée. Mais mon chargeur était vide. Je courais me mettre à couvert tandis que plusieurs balles ricochaient non loin de moi. Pas le temps de recharger ! Je saisissais mon Desert Eagle et sans me laisser le temps de reprendre mon souffle, sortais d'un bond de ma cachette.

Le temps semblait suspendu. Le terroriste me faisait face. Sa cagoule ne laissait apparaitre que ses yeux. Des yeux remplis de haine. Mais il n'a pas eu le temps de réagir, mon premier coup de feu a fait mouche. L'impact puissant de la balle l'envoyait voler à quelques mètres derrière. Touché à la tête. Une balle. Une seule avait suffit.

Les bips de la bombe se faisaient de plus en plus pressants. Je courais alors vers sur elle pour la désamorcer. Aurais-je assez de temps ?

Bip…Bip… Bip…Biiiiip

- BORDEL POURQUOI J'AI PAS PRIS DE KIT !!!!

 

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