Brèves

WebTV

Actualité de la scène

Compétitions



Numeric Games : méfiance nécessaire

12641 25

Il y a quelques jours, le compte Twitter de la Paris La Défense Arena, anciennement U-Arena, annonçait la tenue d'un événement orienté gaming particulièrement ambitieux répondant au nom de Numeric Games. C'est sorti de nulle part qu'une des plus grandes salles parisiennes est ainsi censée accueillir, début juillet 2019, l'un des rassemblements "esport" les plus importants de l'histoire du pays. Le tout dans un relatif anonymat, sans la moindre annonce dans les médias. A la vue du site internet de l'événement et de différents éléments, il nous a paru primordial de vous faire part de notre méfiance vis-à-vis de l'organisation. 

Un site prometteur mais incohérent.

Tout d'abord, les Numeric Games affichent des ambitions incroyablement élevées : 24 tournois sur différents jeux dont CS:GO, 50 000 visiteurs attendus, plus de 100 000 € de dotations. Les jeux annoncés sont assez étranges puisque l'on y retrouve Apex Legends, League of Legends et Fortnite, trois jeux sur lesquels il est difficile d'organiser le moindre tournoi en lan étant donné qu'il est nécessaire d'obtenir une licence de l'éditeur. Une procédure qui n'existe néanmoins pas sur CS:GO. 

Premier couac justement, Romain Bigeard, personnalité bien connue de la scène LoL et désormais salarié chez Riot Games, affirme que l'éditeur du célèbre MOBA n'a jamais accordé d'autorisation à l'organisation et n'envisage visiblement pas de le faire : 

Le deuxième élément troublant qui saute directement aux yeux se trouve dans la partie "Sponsors". On y retrouve les chaînes de télévision du groupe TF1 avec TFX, LCI, la chaîne thématique Game One mais également la radio NRJ et le journal 20 minutes. Avec de tels médias partenaires, il semble assez incroyable qu'un événement d'une telle ampleur reste sous les radars. On y retrouve même des marques non-endémiques qui feraient saliver n'importe quel responsable marketing dont notamment Air France/KLM. Rien que ça. Et pourtant, aucune marque endémique n'est présente. Un comble pour un événement sur la thématique du jeu vidéo. 

Derrière ce projet : le très controversé Stéphane Cosse. 

Mais alors qui est derrière cet événement ? Selon le site officiel de l'événement, Numeric.games appartient à la société LF Conceptions. Une petite visite sur Société.com permet de découvrir que le dirigeant de cette société au capital s'élevant à 100 000 € s'appelle Stéphane Cosse. Si sa société est inconnue du monde de l'esport, lui s'est déjà fait un nom. Et pas vraiment dans le bon sens. 

Stéphane Cosse gravite autour de l'événementiel esportif français depuis 2003 où il avait déjà eu les yeux plus gros que le ventre en organisant la ClikArena à Toulouse. Un événement gigantesque pour l'époque où des stars internationales sur CS 1.6 et WarCraft 3 avaient fait le déplacement avant de le regretter à l'unanimité, l'organisation s'étant avérée catastrophique voire frauduleuse puisque les prize pools (énormes) n'ont jamais été payés, du moins en intégralité. 

C'est en 2010 que son nom a acquis une triste renommée. Dirigeant de Games Solution, il avait alors racheté l'ESWC à ses organisateurs historiques dont Matthieu Dallon qui avaient subi de plein fouet la crise économique. Ambitieux, il avait organisé l'ESWC 2010 à Disney Land Paris. Si, sur le plan sportif, la compétition s'est déroulée dans de bonnes conditions, les à-côtés ont nettement plus inquiété. 

Sur la presque centaine de milliers de visiteurs attendus, seuls quelques centaines de curieux avaient finalement franchi le pas. En marge des tournois, devaient se dresser de nombreux stands afin de créer un véritable festival du jeu vidéo. Ces derniers n'ont jamais vu le jour. Et pour cause, Stéphane Cosse expliquait vouloir séduire des sponsors afin de lui permettre de financer ou plutôt rembourser les frais engagés dans l'organisation. Une technique forcément risquée dans le cas où aucune marque ne voulait s'engager. Cela n'a pas raté et forcément les complications pour payer les cash prize s'élevant à près de 200 000 € sont vite arrivées.

Après toutes ces péripéties largement documentées par nos confrères de Team-aAa.com dont il faut souligner l'excellent travail à l'époque, Stéphane Cosse est retombé dans l'oubli en revendant l'ESWC à Oxent en 2012. Dans l'oubli jusqu'à ces derniers jours où son nom est donc ressorti derrière ces mystérieux Numeric Games. 

En attente d'autres communications officielles

Autant dire que tous ces indices incitent à la méfiance. Cet événement aurait pu rester dans l'anonymat le plus total si le compte Twitter officiel de la Paris La Défense Arena ne l'avait pas relayé. C'est ce point qui est inquiétant puisqu'il semble y avoir véritablement des dates bloquées pour un événement dans cette arène à Paris qui n'hésite donc pas à communiquer dessus. Une communication d'autant plus inquiétante qu'elle redirige vers le site officiel des Numeric Games où malgré un manque d'informations flagrant, il est d'ores et déjà possible de réserver ses billets spectateurs en payant via PayPal. 


Trop beau pour y croire

C'est pour cela que nous avons décidé de vous partager notre méfiance. Un événement d'une telle ampleur à Paris officialisé par l'Arena elle-même pourrait s'avérer alléchant sur le papier et serait idéal pour un petit week-end estival sympathique. Réfléchissez-y à deux fois avant de payer quoi que ce soit concernant de certains "Numeric Games". 

Selon nos informations, l'association France Esports, constituée des acteurs principaux de l'éco-système esportif français, réfléchirait à une communication afin de sensibiliser le public mais également les différentes marques affichées comme soi-disante partenaires de l'événement. L'association est d'autant plus concernée que les Numeric Games revendiquent même le soutien du secrétaire d'Etat au Numérique. 

A l'heure où l'esport se démocratise en France jusqu'à posséder un administré s'en occupant à temps plein au Ministère de l'Economie, il serait catastrophique pour l'image de notre discipline de subir une fraude ou un tel fiasco.

Dans le cadre de cet article, nous n'avons trouvé aucun contact concernant Stéphane Cosse. Nous avons contacté un personnel de la Paris La Défense Arena afin d'en savoir plus. Nous mettrons à jour cet article en cas de réponse d'une des parties prenantes. 

... Commentaires en cours de chargement ...

Vous devez posséder un compte VaKarM et être connecté pour commenter les articles