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NiKo, à la conquête d'un nouveau monde
"NiKo veut être le Rambo de CS". Cette phrase signée pasha à la DH Las Vegas résume bien les deux dernières années de NiKo. Le joueur bosnien a eu pléthore de coéquipiers différents chez mouz, mais aucun n'a réussi à se hisser à son niveau, le laissant seul pour porter l'équipe pendant tout ce temps. Mais tout cela est désormais terminé. En rejoignant FaZe Clan, NiKo a dit au revoir à la solitude.
C'est cruel à dire, mais l'ex-joueur de mousesports n'a pas eu de chance à sa naissance. La scène Counter-Strike de son pays, la Bosnie-Herzégovine, n'est pas inexistante, mais peu s'en faut. Très vite, le jeune prodige a dû s'exiler, en Serbie notamment, pour pouvoir jouer à haut niveau. C'est là qu'il effectuera ses premiers pas dans le monde de la compétition, évoluant aux côtés de noms comme kassad, ex-coach de mouz et actuellement en fonction chez Renegades, ou YNk, le commentateur désormais largement reconnu.
Il ne montera pas bien haut, et il lui faudra attendre mars 2015 pour saisir sa première vraie chance. La scène allemande est en plein chambardement, et mousesports ne se retrouve plus qu'avec trois joueurs. Mais l'écurie a bien repéré le talent de NiKo, qui joue alors pour iNation avec trois Serbes et un Macédonien, et le convainc de venir dans sa line-up, après avoir déjà tenté de l'approcher lorsqu'il était plus jeune, sans succès. Rapidement, elle va se rendre compte qu'elle ne s'est pas trompée.
Dès sa première sortie, aux finales ESEA 18, mouz obtient une quatrième place finale convaincante, battue uniquement par Virtus.Pro et fnatic. Dans le match contre les Suédois, NiKo sort 58 frags en deux cartes et impressionne déjà tous les observateurs. Sélectionné pour le match All-Stars, on le croit alors déjà indispensable à mouz, sentiment confirmé après plusieurs victoires lors de tournois en ligne. Manque de chance, l'équipe à 80 % allemande aimerait bien communiquer dans sa langue natale en jeu, et tant pis s'il faut se priver du jeune espoir pour ça. Écarté, NiKo se retrouve donc sur le banc des remplaçants.
Évidemment, il attire déjà la curiosité de nombreux concurrents, et sa structure le laisse dépanner plusieurs formations dans le besoin. Le souci, c'est que souvent, le last sera meilleur que les joueurs en place. L'exemple le plus célèbre reste évidemment son passage chez Kinguin, qui accueillait à l'époque la line-up internationale de Maikelele. Lors de la qualification pour la Gaming Paradise, en finale du winner bracket, NiKo sort un 1vs4 alors que les siens étaient sur le point de perdre. Six rounds plus tard, son équipe finit par s'imposer. Le lendemain, elle gagne son ticket pour le tournoi final, qu'elle remportera deux mois et demi plus tard… sans NiKo, rappelé depuis chez mousesports.
1vs4, clutch or lose... Aucun problème pour NiKo
Parce que l'organisation s'est finalement dit qu'un joueur au talent pareil, ça ne se gardait pas sur la touche, NiKo est donc de retour dans le cinq titulaire. Avec gob b au lead et chrisJ à l'AWP, il peut se concentrer pleinement sur son jeu, et cela va faire des merveilles. Très bon à la DH Stockholm, qualificative pour le Major, il va faire encore mieux lors de ce fameux Major, la DH Cluj. 27 frags contre FlipSid3 et 69 contre G2 au cours d'une rencontre que mouz n'aurait jamais dû perdre, il ne peut cependant empêcher l'élimination des siens en poules.
Qu'à cela ne tienne, il remet ça aux finales CEVO S8 en fin d'année, battant Luminosity presque à lui tout seul avec 1.55 de rating et plus de 50 frags en deux cartes. En finale contre Virtus.pro, il ne pourra cependant rien faire. Mais ce résultat a prouvé que mouz pouvait rivaliser avec les meilleurs, et l'équipe augmente ses ambitions. Elle décide donc de se séparer de gob b, son leader, pour prendre Spiidi. Ce changement est censé lui apporter plus de puissance de feu. En réalité, elle ne va qu'isoler un peu plus NiKo, qui en plus d'être une machine à frags va devoir endosser lui-même le rôle de meneur.
Le début d'année 2016 est bon, et la formation accroche un premier titre aux finales Acer Predator Masters S2, ne perdant aucune carte dans l'arbre final. Avec 60 frags en deux maps contre LDLC-White et 52 contre E-Frag, NiKo ne semble pas avoir été affecté par les changements. Il le prouvera encore aux IEM Katowice, sortant des performances de l'espace face à fnatic (42 frags en 36 rounds, 114 d'ADR) et Luminosity (29 frags en 30 rounds). Insuffisant toutefois pour sortir des poules.
Un mois plus tard, en terres américaines, lors de la MLG Colombus, le scénario se répète. Si NiKo va établir le record du plus grand nombre de kills en une carte en Major, avec 52 victimes contre FlipSid3 lors d'un match à rallonge, 31-28, puis dépasser les 60 kills contre NiP lors du match décisif, mouz est encore une fois mis dehors dès les groupes.
Les performances de gala s'accumulent, mais son équipe stagne désespérément. À Malmö, pour la DreamHack Masters, elle arrive à sortir des poules mais se heurte à GODSENT dès les quarts de finale, malgré un NiKo au sommet de sa forme, capable de sortir le Deagle au gun round pour coller quatre têtes. Le monde de Counter-Strike prend pleinement conscience de son immense talent en même temps que de son involontaire solitude.
"Qu'est-ce que NiKo doit faire pour faire gagner ce match à son équipe ?"
Mais le Bosnien n'est pas non plus parfait, et parfois la machine s'enraye. Après une période pré-estivale assez calme, le début de l'été va être plus compliqué pour lui, avec un ESL One Cologne en demi-teinte ponctué par, évidemment, une élimination en poules. Il n'en fallait pas plus pour le mettre en rogne et à l'ELEAGUE, il est l'auteur d'un match d'anthologie contre G2 Esports, conclu avec 108 kills dont 40 sur Overpass, map décisive, avec un 2vs4 rentré à 14-14. Sur sa lancée, il en fera encore 35 contre FaZe, toujours sur la troisième carte, et terminera avec 45 frags en 46 rounds contre Astralis. mousesports finit sur un top 3/4 inattendu, qu'elle doit largement à son jeune prodige.
En deuxième partie de saison, profitant de ses bons résultats sur internet, la formation obtient sa place pour les finales de l'ESL Pro League S4. Mais NiKo n'est plus dans sa forme précédente, et c'est avec un joueur redevenu lambda, mais toujours au lead, que mouz accroche de nouveau un top 3/4. Un résultat sans réel lendemain puisqu'aux IEM Oakland, deux semaines plus tard, elle se fait humilier avec cinq défaites en autant de rencontres. Elle tentera bien de rebondir lors de l'ELEAGUE S2 en passant les poules, mais NiKo est encore une fois en petite forme. Peut-être la conséquence d'un changement dans son style de jeu, comme il l'expliquera lui-même :
J'ai beaucoup changé mon style de jeu par rapport à avant. Je jouais beaucoup seul, à tenter de prendre des ouvertures de l'autre côté de la carte... Maintenant j'ai arrêté, comme ça je peux plus aider mes coéquipiers, et nous pouvons travailler ensemble. Habituellement, quand je meurs, personne dans l'équipe ne va lancer un call qui pourrait nous amener à gagner le round même en 4vs5. La plupart du temps, chacun fait quelque chose de son côté et en général, on ne gagne pas les rounds en désavantage numérique. Nikola "NiKo" Kovac, interrogé à propos de son adaptation au rôle de leader-in-game |
Malgré tous ses efforts et son adaptation, il demeure donc seul, bien trop seul pour espérer tutoyer les sommets. Il se reprend en début d'année et, lors du dixième Major, auréolé d'une onzième place au top 20 HLTV de 2016 (où les statistiques le désignent entre autres meilleur ouvreur de l'année), il porte de nouveau les siens en finissant au top de l'équipe contre HellRaisers, Liquid et fnatic, lors d'un face-à-face avec olof qui a encore une fois prouvé que pour disputer une belle rencontre, il fallait définitivement être deux.
Et alors que le plus grandiose des tournois se terminait, que tout le monde parlait transferts et changements, l'improbable est arrivé : NiKo a été recruté par FaZe. Une nouvelle qui a fait boom sur la scène tant le contrat du Bosnien avec mouz paraissait incassable et impossible à racheter. Mais l'ogre américain a aligné les billets et payé la caution qu'il fallait pour sortir NiKo de sa cellule allemande.
Depuis l'annonce, ce dernier s'est livré à un véritable récital. Que ce soit en prac' ou en match officiel, lors de la DH Las Vegas, sa dernière compétition sous les couleurs rouge et blanche, il a fait étalage de toute sa panoplie. 37 frags et 2.13 de rating en 28 rounds contre Na'Vi, 54 kills contre Virtus.Pro (dont 36 pour la seule seconde carte) et 102 d'ADR au total des deux maps (un chiffre assez fou quand on sait qu'il est déjà difficile d'avoir un ADR supérieur à 100 sur une seule carte), NiKo a fait du NiKo, pour montrer à tous que le surnom de "NiKosport", utilisé pour désigner sa désormais ex-équipe, n'était pas usurpé.
1vs4 face à EnVyUs lors d'un prac'... La routine
En rejoignant FaZe, il va retrouver rain et allu. Deux autres joueurs qui, comme lui, n'ont trouvé personne de leur taille dans leur pays pour construire quelque chose. Il va aussi devenir le coéquipier de karrigan et kioShiMa, deux exilés qui ne trouvaient plus leur place sur leur scène nationale. Ces cinq-là ont une revanche à prendre sur leur histoire. Pour la première fois, NiKo a choisi ses compagnons. Pour la première fois, NiKo n'est plus seul. À lui d'aller se construire un palmarès au niveau de son talent. Hors-norme.