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Les grandes questions du PGL Major Antwerp
Tout bon Major ne peut se passer de sa preview. Alors voilà celle du PGL Major Antwerp, 17ème tournoi du genre sur CS:GO, premier à se dérouler en Belgique, qui mettra 1 million de dollars sur la table et accueillera 24 équipes prêtes à en découdre. Les Français, les favoris, les outsiders potentiels, les états de forme, les invités surprises : il est temps de faire le tour des différents enjeux de ce rendez-vous, le plus important de cette première partie de saison 2022.
Quels objectifs pour les Français ?
Si aucune équipe 100 % francophone ne sera présente à Anvers, une première en neuf ans de CS:GO, six Français seront tout de même de la partie.
Pour apEX, ZywOo et misutaaa, chez Vitality, la tâche ne sera pas aisée. Depuis l'adoption de sa binationalité danoise en début d'année, l'équipe n'a pas franchement séduit, malgré ses ambitions clairement affichées de triompher, à terme, en Major. Sauf exploit d'anthologie, ce ne sera pas pour tout de suite. Si la préparation de la formation a sans doute été très studieuse au vu du mois d'entraînement en sous-marin dont elle a pu bénéficier suite au tournoi RMR de qualification, il faudra sans doute plus que quatre semaines pour régler les soucis de communication, de forme et de teamplay qui embêtaient jusque-là la line-up.
Malgré tout, Vitality ne va pas venir à Anvers la tête basse. Avec dupreeh, Magisk et zonic dans son effectif, elle possède un trio qui connaît les Majors par coeur et a déjà su aller au bout à de multiples reprises. ZywOo, en petite forme (par rapport à ses standards) depuis le début de la saison, pourrait aussi avoir la bonne idée de se réveiller au meilleur moment possible. Les Franco-Danois auront en tout cas bien besoin de leur élément phare pour franchir le Challengers Stage puis espérer peut-être se hisser en play-offs, une tâche complexe mais pas impossible. En cas d'échec prématuré, il ne serait en revanche pas si surprenant de voir la structure repenser ses plans, déjà.
Première fois en 17 participations au Major que dupreeh n'évoluera pas dans une équipe de son pays natal
Du côté de G2, JACKZ et le coach XTQZZZ feront rayonner les couleurs tricolores. Finaliste du dernier Major à Stockholm il y a sept mois, G2 a pas mal changé depuis, délaissant son leader nexa pour Aleksib et recrutant le tout jeune m0NESY à la place d'AMANEk pour assurer son avenir au poste de sniper. Un double transfert qui a payé en début d'année avec une qualification obtenue pour les Finales BLAST Premier Spring et un top 2 aux IEM Katowice, même si les plus exigeants estimeront sans doute que G2 aurait dû gagner contre des FaZe obligés de jouer avec un last (jks au lieu de rain, covidé).
Depuis ces résultats inauguraux, la lune de miel s'est terminée et G2 a raté sa Pro League, perdant en poules contre MOUZ, fnatic et Entropiq, avant de réaliser une qualification au Major moyenne, entâchée par une glissade contre Anonymo (16-19) et une belle frayeur contre Astralis (19-17 sur la troisième carte). Bref, G2 n'a pas rassuré ses supporters, mais le mois précédent Anvers lui aura sans doute permis d'appuyer sur l'accélérateur. Il faut du moins l'espérer, sans quoi le top 2 de Stockholm ne sera à coup sûr pas reproduit.
Si l'on se focalise un peu plus sur les Français, XTQZZZ est encore en cours d'apprentissage, tant pour coacher en anglais que pour tisser une relation avec Aleksib. Le Major sera le second très gros test du duo après Katowice. Pour JACKZ, la situation n'est pas évidente : l'ancien 3DMAX occupe un rôle ingrat au milieu de superstars ultraskillées, autant dire que ses sacrifices sont nombreux. Mais le dernier survivant de l'ancienne formation hexagonale G2 s'en sort plutôt bien, même s'il occupe évidemment rarement le haut du scoreboard. Si le Major venait à mal se passer, il pourrait toutefois être le premier à en faire les frais. Ce n'est évidemment pas ce qu'on lui souhaite.
NiKo, JACKZ et huNter, les trois "anciens" de G2 version Stockholm 2021
Enfin, des nouvelles de shox, exilé chez Team Liquid et dernier représentant tricolore en Belgique, qui ne ratera ainsi pas son 17ème Major, record partagé avec dupreeh et Xyp9x. Dans sa nouvelle écurie, le Français a hérité de pas mal de responsabilités, épaulant nitr0 au lead, notamment lors des pistol rounds et des anti-écos, et apportant plus globalement sa vision sur comment jouer efficacement à Counter-Strike. Si "shoxieJESUS" est clairement moins affûté qu'auparavant individuellement, il apporte donc quelque chose d'autre, laissant plutôt à EliGE, NAF et oSee le soin de dézinguer l'opposant.
Reste à savoir quel visage Liquid montrera lors de ce Major. Celui, plutôt prometteur, de la dernière ESL Pro League conclue sur un top 5/8, ou l'autre, plus inquiétant, arboré il y a une dizaine de jours au BLAST Showdown américain, où paiN avait surpris nitr0 & Co. Le bien-fondé de la stratégie de relance de Liquid, qui a misé sur un mélange hybride entre expérience (retour de nitr0 et arrivée de shox) et jeunesse (recrutement d'oSee) pour oublier un exercice 2021 un peu raté, se joue en partie sur ce Major.
Le temps du triomphe est-il venu pour les équipes internationales ?
Et si FaZe Clan et karrigan se vengeaient enfin de leurs mésaventures en Major, quatre ans après la finale imperdable, pourtant perdue contre C9, de l'ELEAGUE Boston Major ? Le temps est peut-être venu de panser définitivement les vieilles blessures. Pas grand-monde n'aurait prédit une équipe de FaZe favorite du Major printanier début 2022, mais les faits sont là : la formation aux cinq nationalités a réalisé un sans-faute ces derniers mois, triomphant aux IEM Katowice (une première revanche après, déjà, 2018), à l'ESL Pro League S15 et en poules des BLAST Premier Spring. La qualif' Major s'est quasiment déroulée dans la même veine, malgré un revers contre BIG qui n'a pas empêché les hommes de karrigan d'obtenir le statut de Légende et donc de zapper le Challengers Stage.
L'heure est-elle enfin arrivée pour karrigan ?
Pour autant, FaZe n'arrive pas non plus avec un statut intouchable. ropz, broky et Twistzz se sont certes montrés impériaux depuis janvier, mais l'aura de domination totale, comme pouvait l'avoir NAVI avant Stockholm l'an passé, n'est pas encore installée. L'organisation pourrait devenir la première à remporter un Major avec une line-up internationale, mais ce n'est pas du tout joué d'avance. Surtout que l'absence du coach RobbaN, toujours banni suite à l'affaire du coach bug, ne facilitera pas les choses.
Derrière FaZe, G2 représentera également la bannière cosmopolite, et il ne faudra surtout pas oublier ENCE. Récente finaliste de la Pro League (alors qu'elle n'est même pas membre partenaire d'ESL et n'est donc pas invitée à la compétition), vainqueur du BLAST Showdown européen en décimant le Danemark – trois victoires de suite contre CPH Flames, Heroic et Astralis –, on se demande jusqu'où ENCE peut aller pour embêter les favoris habituels. À Stockholm, l'équipe, avec doto à la place de Maden, avait réussi à passer le Challengers Stage avant de s'effondrer en Legends Stage. Et si elle poussait ses limites un cran plus loin et s'invitait cette fois-ci dans le top 8 final ?
La scène CIS peut-elle se relever à temps ?
Dominatrice en 2020 et 2021 grâce à NAVI, Gambit et, à quelques occasions, Virtus.pro et Team Spirit, la scène CIS a baissé d'un ton en 2022. Il faut dire que le contexte international n'aide évidemment pas. La guerre entre la Russie et l'Ukraine a poussé Gambit à vendre son roster à Cloud9 et les rumeurs prédisent presque déjà la fin du cinq Virtus.pro (qui jouera sous le nom d'Outsiders pour ce tournoi) une fois le Major terminé. Pour les joueurs ukrainiens, le stress permanent engendré par les bombes qui tombent littéralement sur leur pays ne facilite pas les choses, pas plus que de savoir si leurs coéquipiers russes resteront justement leurs coéquipiers pendant longtemps.
Malgré tout, la scène CIS restera bien représentée à ce Major avec cinq équipes. En tête d'affiche, NAVI, tenante du titre dans les compétitions de Valve, et Cloud9 paraissent évidemment les mieux armées pour se battre sur le serveur. Leurs précédents résultats sont à prendre avec des pincettes, surtout pour NAVI, alors on se contentera de dire que des formations avec s1mple, electronic, sh1ro ou Ax1Le dans leurs rangs ne doivent jamais être écartées. Les deux arrivent en tout cas avec une certaine chape de mystère autour des épaules, ce qui pourrait jouer à leur avantage. Le doublé est clairement accessible pour NAVI, de même qu'un premier triomphe pour les joueurs de Cloud9, pour peu qu'ils réussissent le tournoi parfait.
s1mple parviendra-t-il à garder son trophée dans le contexte actuel ?
Suivent Outsiders (Virtus.pro), forZe et Team Spirit. On ne présente plus la faculté de la première à se comporter en parfait poil à gratter, toujours là pour sortir des gros noms un peu en difficulté ou mettre fin aux rêves des plus petits, comme SAW l'a tristement subi lors de la qualif' Major. Et on se rappellera aussi que le trio Jame - buster - Qikert a déjà disputé une finale de Major, à Berlin 2019, avec AVANGAR. Aucun problème d'expérience donc.
forZe et Spirit ne seront pas non plus à sous-estimer mais la menace paraît moins grande. Ils restent des Russes capables de courir partout et de cliquer vite, mais franchir le Challengers Stage serait déjà une très belle performance de leur part.
Danemark, Suède, Brésil : les historiques de Counter-Strike répondront-ils présents ?
Le Danemark a frôlé la catastrophe nationale. Si Heroic et CPH Flames ont assuré une place de Légende, Astralis est passée à deux doigts de ne pas être au Major. Menée 13-16 / 11-14 par HEET lors du match qualificatif décisif, la formation de gla1ve a remporté le forcebuy qu'il fallait pour rester en vie, remonter 16-14 et enchaîner ensuite sur la troisième map, laissant les fans de HEET en pleurs.
À Anvers, l'écurie quadruple vainqueur de Major ne sera donc probablement pas la meilleure chance de son pays. Il ne faudra évidemment pas cracher sur une équipe avec le binôme k0nfig - blameF dans ses rangs, mais Farlig prend encore ses marques, Xyp9x est de plus en plus souvent à la peine et même gla1ve est moins souverain que lors de ses grandes heures. Atteindre les play-offs serait une performance convenable pour la désormais deuxième meilleure équipe danoise, même si elle aura probablement placé la barre bien plus haut en interne.
Heroic cherchera elle à franchir la marche qui lui fait toujours défaut en lan. Ses principaux succès ont été obtenus sur Internet en 2020 et 2021 et depuis, la confirmation dans les arènes remplies se fait un peu attendre. Le top 3/4 du PGL Major Stockholm était cependant prometteur, celui des derniers IEM Katowice aussi. Reste à dépasser le stade des demi-finales pour faire taire définitivement les critiques. Possible à ce Major ? Oui, mais pas évident. Heroic en finale, ce ne serait pas si surprenant, mais ce n'est pas non plus pleinement attendu.
Heroic, enfin la délivrance en lan ?
Enfin, pour CPH Flames, Stockholm avait laissé un goût amer avec une élimination à la porte des play-offs. En obtenant une place de Légende pour Anvers grâce à un beau 2-0 infligé à NiP, les Danois n'auront "qu'à" gagner trois matchs pour découvrir l'arbre final. Jouable, mais ça ne coule pas de source : depuis sa révélation au dernier Major, CPH Flames ne s'est pas clairement imposée dans le top mondial, continuant même d'enchaîner les tournois subtop pour amasser des points au classement HLTV et des sous. Voilà une bonne occasion de lever les doutes une bonne fois pour toutes.
Pour la Suède, un peu comme la France, le temps passe et les choses ne vont pas en s'arrangeant. Le pays qui dominait la scène il y a maintenant presque dix ans se retrouve réduit à n'envoyer plus qu'un seul représentant au Major, Ninjas in Pyjamas. L'équipe est toujours privée de device en raison de problèmes médicaux, pour ce qui ressemble de plus en plus à un transfert sacrément raté, mais a récupéré Brollan, peut-être le meilleur joueur du pays. Pas si mal. Si REZ et Plopski sont en forme, et si hampus parvient à confirmer sa capacité à leader et fragger en même temps, NiP pourrait tirer son épingle du jeu. Les play-offs sont à l'horizon pour les ninjas.
Avec trois formations présentes, le Brésil fait aussi bien que le Danemark. Mais les statuts diffèrent un peu. FURIA visera clairement les quarts de finale – où elle était restée bloquée à Stockholm – voire plus si affinités. Imperial, équipe la plus âgée du tournoi, aura bien du mal à poursuivre l'invincibilité de fnx en Major (deux joués, deux gagnés, à la MLG Colombus puis l'ESL One Cologne 2016) et cherchera plutôt à se faire plaisir et à embêter quelques favoris, pour ce qui pourrait être l'ultime compétition de ce calibre pour plusieurs de ses joueurs. Même si, connaissant le glorieux passé de ces "vieux", sortir après trois défaites sans relief ne constitue sans doute pas une option valable. MIBR cherchera de son côté à passer le Challengers Stage pour affirmer sa position de dauphin dans la région et prendre virtuellement le dessus sur une concurrence dense mais absente (paiN, GODSENT, Case, TeamOne...).
fer et FalleN remettent ça une fois de plus... la dernière ?
Quel destin pour les équipes "exotiques" ?
Ce Major est particulièrement généreux en termes de première fois et d'équipes venues des quatre coins du monde. La Mongolie avec IHC, le Kosovo avec Bad News Eagles, l'Argentine, l'Uruguay et le Chili avec 9z, et le Monténégro avec Maden chez ENCE découvriront le Major. On n'oubliera pas non plus les désormais traditionnels Australiens de Renegades et les Turcs d'Eternal Fire.
Tout ce beau monde débutera au Challengers Stage avec des ambitions qui devraient aller crescendo : d'abord, ne pas être l'une des deux équipes éliminées en 0-3 ; puis se frayer un chemin pour atteindre les deux victoires aussi vite que possible ; enfin, tout faire pour gratter un troisième succès et ainsi rejoindre le Legends Stage. Simple en théorie. Un poil plus compliqué en réalité, et voir une des formations précédemment citées s'incruster dans le top 16 serait déjà une belle surprise. Mais les bo1 peuvent aider, de même que l'atmosphère toujours particulière du Major. Et puis les surprises, tout le monde aime ça !
Ça pourrait crier sec à Anvers si Bad News Bears va loin
Quelle sera la belle histoire de ce Major ?
Un Major, ce sont de belles histoires qui s'écrivent, mais aussi d'autres qui disparaissent dans les abysses de Counter-Strike et n'existeront jamais. Alors pour cette 17ème édition du tournoi sponsorisé par Valve, faites votre choix narratif et croisez les doigts pour qu'il se réalise :
- karrigan remporte son premier Major, comblant ainsi le seul trou encore béant de son palmarès.
- NAVI réalise le doublé alors que la période est plus complexe que jamais pour l'équipe russo-ukrainienne.
- G2 obtient enfin son grand trophée avec sa line-up internationale, NiKo tient son Major, les cousinades des Kovac deviennent une fête nationale en Bosnie, JACKZ et XTQZZZ sont reçus à l'Élysée.
- Astralis s'impose une cinquième fois en Major quand on l'attendait le moins, à la NiP à Cologne 2014.
- cadiaN peut enfin exulter en lan lorsque Heroic gagne la grande finale.
- Un outsider complet l'emporte (Vitality, FURIA, NiP, ENCE...).
- Ex6TenZ et ScreaM apportent la coupe dans l'arène, une anse chacun.
- Ce que vous voulez, chacun ses préférences !
Début du Challengers Stage lundi 9 mai à 12h – VaKarM sera sur place avec LaTarTiNe.
NiKo vs Karrigan.
Maintenant que s1mple a eu le sien.