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Entretien avec Lucky : de DBL PONEY à 3DMAX

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Un peu plus de quatre ans après son dernier passage au micro de VaKarM, Lucas "Lucky" Chastang nous a accordé une interview dans les coulisses de l'ESL Challenger Jönköping. On était alors le samedi 25 novembre, quelques heures après l'élimination, et nous sommes revenus sur les dernières années qui se sont écoulées entre DBL PONEY, HEET, Looking4Org et, enfin, 3DMAX.

 Une interview également disponible sur :

YouTube Pour ceux qui préfèrent le visuel à l'écrit, et ont envie de voir la tête de Lucky avec quatre ans de plus.
   
SoundCloud Pour ceux qui préfèrent écouter tout en s'adonnant à une autre activité.

 

Pour revenir sur cette entrevue d'environ 13 minutes, débutons par l'habituel sommaire afin de suivre plus facilement le fil des sujets abordés, de l'époque où Lucky participait à cette belle aventure qu'était DBL PONEY à cette première lan pour le cinq qui a signé chez 3DMAX. 

Sommaire :     
 

I.
II.
III.
IV.

V.

DBL & HEET, de l'engouement au bench.
Un break pour mieux revenir.
Le rôle de Lucky.
L'importance de l'environnement de travail.
Un oeil sur le Major.


I - II - III - IV - V


I. DBL & HEET, de l'engouement au bench.

Présent dans le projet DBL PONEY depuis son lancement, Lucky a participé à cette aventure singulière, où un cinq tricolore sans structure et sans salaire a gagné le cœur des supporters. D'une qualification au Major à l'autre, sous les couleurs de DBL ou HEET, cette équipe n'a finalement pas réussi à passer ce cap dans le Tier 1, jusqu'à décider de se séparer de Lucky au profit de JACKZ.


Comment as-tu vécu le projet DBL PONEY, sans structure ni salaire, qui a connu un bel engouement francophone ?

C'était une belle expérience. Avant ça, même chez Heretics ou dans les autres structures, on n'avait pas un tel engouement. Je pense que le fait qu'on n'ait pas de structure a beaucoup aidé. Puis Limun, aussi, qui a carry sur le Twitter DBL, c'était incroyable. Les performances ont suivi, donc ça a fait un beau mélange pour créer cet engouement et, ouais, c'était très cool, une très belle expérience.

À l'époque, tu étais le plus expérimenté avec bodyy et tu découvrais Ex3rcice et Djoko, avec qui tu évolues encore aujourd'hui. Qu'est-ce que tu gardes comme souvenir d'eux, à ce moment où ils étaient encore un peu jeunes dans la scène ?

C'est sûr qu'ils n'avaient pas beaucoup d'expérience comparé à maintenant. Ils ont beaucoup évolué, c'est clair. C'est cool, parce qu'ils ont pu apprendre de nous et, au final, ils se sont bien intégrés. On voit aujourd'hui qu'on arrive à bien se taper contre des équipes du T1 ou vraiment en place dans le T2, donc c'est cool. Ils ont bien évolué et je pense qu'il ne vont pas s'arrêter là.

Lucky sous les couleurs de HEET, lors du RMR organisé par PGL à Burarest

Sur cette période DBL/HEET, que gardes-tu comme meilleur(s) souvenir(s) ?

Je n'ai pas vraiment de souvenir en particulier, surtout que pour moi ça s'est fini un peu abruptement après la qualification pour la Pro League. C'est un tout, ça a été une montée en puissance, donc je n'ai pas de souvenir particulier, puis je suis toujours ici avec Pierre (Ex3rcice) et Thomas (Djoko), donc l'aventure n'est pas finie.

Justement, tu parles de la fin, et j'ai vu dans une interview écrite réalisée quand tu évoluais avec Heretics que tu étais rentré dans une sorte de cercle vicieux chez G2 Esports vis-à-vis des kills. Est-ce quelque chose que tu as vécu à nouveau avant de te faire bench de HEET ?

Non, pas vraiment. Enfin, chez G2, j'ai l'impression que c'était plus une question de rôles, qui ne m'allaient pas trop, peut-être que je manquais un peu d'expérience de ce côté-là. Chez HEET, c'était différent. Je pense que j'étais un petit peu en dessous mais pas tant que ça. Au final, j'ai quand même eu des performances qui allaient sur certains tournois même si j'ai eu des soucis sur d'autres. Mais, je ne pense pas que ce soit une question de rôles, j'étais peut-être dans une mauvaise passe individuellement et c'est tout.

Là, je vois que je reviens, même si je n'ai pas fait une très bonne lan aujourd'hui (à Jönköping). Depuis la sortie de CS2 et même sur nos performances récentes, ça va un petit peu mieux, je me sens plus en confiance, donc je suis content de ce côté-là.

Effectivement, vous avez tous bien performé en 2023, même avant CS2 quand les compétitions étaient encore sur CS:GO.

 


I - II - III - IV - V


II. Un break pour mieux revenir.

Placé sur le banc de HEET, Lucky va finalement mettre quelques mois pour apparaître de nouveau en équipe, d'abord en tant que stand-in à la place de bodyy, fin 2022, puis dans le quatuor qui servira de base à Looking4Org. L'occasion pour lui de prendre du recul et de se questionner sur la suite à donner à sa carrière.


Il y a eu quelques mois entre le kick de HEET et le moment où tu as retrouvé Ex3rcice et Djoko. Comment se sont-ils déroulés pour toi ? As-tu eu des opportunités ? As-tu préféré couper un peu ?

C'est vrai que j'en ai profité pour faire un break, vu que ça faisait quelques années que je grindais à fond et que je n'avais quasiment eu aucune pause. Ça m'a fait un petit coup au moral, c'est vrai, et je me suis même demandé si je n'allais pas partir sur Valorant. Donc j'ai profité de ces mois pour tester un peu Valorant, tester un peu le jeu, mais au final ça ne m'a pas plu tant que ça.

Je savais que Counter-Strike était quand même mon jeu de cœur et je voulais revenir dessus. Je suis content d'être revenu et, pour l'instant, ça se passe bien. Maintenant, l'objectif c'est le Major, donc on verra si ça se passe bien et si j'ai bien fait de revenir ou pas.

 

Le Major, c'est l'objectif principal, on ne travaille que pour ça.

 

On va reparler de cette création d'équipe début 2023, à quatre à ce moment comme il n'y avait pas hAdji. Le fait que Djoko et Ex3rcice veuillent jouer avec toi et la présence de Maka - que tu connaissais déjà - t'ont-ils fait sentir que c'était le bon endroit pour être en confiance et te relancer ?

C'est vrai que lorsqu'on est reparti de zéro, on était un peu dans le jus, dans le sens où on ne savait même pas quel joueur prendre. Maka est venu me parler, il y avait peut-être Pierre (Ex3rcice) et Thomas (Djoko), on n'avait pas de cinquième joueur mais il n'y avait personne d'autre en France à ce moment (aucune autre équipe française), donc on n'avait pas le choix, si on voulait faire un projet c'était là.

C'est ce qu'on a fait, on a testé Razzmo, xReal puis hAdji, on pense que c'est le bon complément. Ça fait plaisir, on pense avoir le meilleur cinq possible et ça se voit sur le serveur. C'est difficile de faire mieux en France actuellement, et c'est peut-être aussi le problème de la scène et la raison qui fait qu'il n'y a pas beaucoup d'organisations qui veulent investir dessus.

Je pense qu'on a une bonne équipe maintenant, donc je suis content et, au final, pas de regret.

 


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III. Le rôle de Lucky.

Souvent dépeint comme un joueur réfléchi, apportant une seconde voix à ses équipes en plus d'avoir une polyvalence certaine, qui lui a permis de toucher à plusieurs rôles entre rifle, AWP et lead, Lucky bénéficie d'un profil varié particulièrement important.


On va parler un petit peu plus de ton rôle. Dans les interviews et même dans l'idée que l'on se fait de ton jeu, c'est plutôt un rôle hybride, couteau suisse qui ressort. Tu as déjà lead, tu peux prendre l'AWP, tu joues en extrémité mais tu peux aussi te retrouver à entry lorsque le jeu se fait sur ta zone. Comment définirais-tu ton rôle ?

Comme tu as dit, même si ça dépend des cartes, j'ai plutôt un rôle d'extrémité. J'ai un peu tout fait durant ma carrière, mais mon choix de cœur je dirais que c'est extrémité en attaque et rotation en CT.

En terro, je vais essayer d'avoir cette seconde voix pour aider Bryan, faire mes calls sur mes zones, amener du jeu sur mes zones et faire des redirections quand il y a besoin. Voilà, j'essaie d'apporter un petit d'expérience de ce côté-là. Je supporte aussi mes coéquipiers, surtout sur les fins de rounds.

On a effectivement vu cette seconde voix contre Virtus.pro, où en préparation tu parlais d'une sortie mid sur Ancient que vous avez finalement effectuée sur le troisième round du T side (séquence à retrouver dans le vlog).

Maka, leader de 3DMAX, auquel Lucky apporte sa voix au besoin avant et pendant les matchs

Qu'est-ce que te demandent killazoo et Maka dans la préparation des games, où justement on t'a vu apporter quelques précisions ?

Suivant les cartes, quand j'ai des positions très importantes, comme le mid sur Ancient, je vais essayer d'apporter des calls qui peuvent vraiment casser des rounds, comme celui dont tu parles. Après, ça va dépendre, parfois je peux amener une petite touche plus générale, plus macro sur le jeu ou la game.

Sinon, c'est vraiment quelque chose typique à ton rôle, dans le sens que si tu as un rôle important, tu te dois de faire des calls sur ta zone car c'est une clef dans la game. Par exemple, le mid sur Ancient, je pense que c'est la zone la plus importante de la carte. Si je suis efficace dessus, souvent la game va bien se passer, donc j'essaie de faire un effort sur ce point-là, c'est sûr.

Est-ce que tu dirais aujourd'hui que tu ressens l'apport de ton passage chez G2 Esports, qui a duré un peu moins d'un an entre 2018 et 2019 ?

Oui, c'est sûr. Surtout sur le côté tactique général, sur la communication, sur les principes de jeu très généraux, qui sont très utiles dans le Tier 1. La tactique, dans le Tier 1, c'est 80 % du jeu. Après, bien sûr, si tu as des joueurs incroyables, ça aide.

Mais, oui, c'est sûr que ça m'aide et on essaie de partager tous ces principes, de permettre à la scène et à l'équipe d'apprendre ces principes pour que ça devienne naturel et que tous les joueurs puissent être capables de les utiliser, de call en conséquence et de devenir des joueurs d'expérience, tout simplement.



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IV. L'importance de l'environnement de travail.

Si cela n'a pris qu'une question, il nous semblait important de revenir sur cette notion d'environnement de travail sur laquelle Lucky avait insisté dans les réponses qu'il nous avait apportées en 2020, au moment où nous avions interrogé tous les membres d'Heretics à l'écrit.


En 2020, tu nous parlais du bon environnement qu'il y avait chez Heretics. Là, tu parlais du cinq de 3DMAX, qui est le meilleur que vous pourriez avoir actuellement.

De mon côté, je me suis aussi rendu compte en vous suivant que l'environnement dans le groupe est très bon, que ce soit côté humain ou côté travail. Dirais-tu que vous avez les clefs pour continuer à gravir les échelons dans la scène ?

J'ai toujours eu cette idée que la priorité dans l'environnement, c'est la positivité. Je trouve que c'est très dur de s'améliorer dans un environnement négatif, toxique, où les gens ne s'aiment pas trop.

Déjà, je pense que, si tu vis ça au travail, c'est compliqué. Mais, dans un jeu d'équipe où tu es tout le temps avec tes coéquipiers, où tu passes des semaines et des semaines avec les mêmes personnes, si tu n'as pas cette espèce de cercle vertueux, c'est très difficile de progresser et même juste d'aimer ce que tu fais. Si tu n'aimes pas ce que tu fais, c'est très compliqué derrière.

 


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V. Un oeil sur le Major.

Si un beau résultat à Jönköping aurait ravi tout le monde, d'autant plus avec cette première chance d'accrocher un slot pour la Pro League, l'essentiel était plutôt à l'expérience à tirer de cette première lan avec ce groupe, de cette première rencontre pour, déjà, préparer le RMR auquel l'équipe tentera de se qualifier à compter du 18 janvier 2024.


Ta dernière sortie en lan date de l'ESL Pro League Conference, en juin 2022. Dirais-tu que c'est important de participer à ce genre de compétitions, comme l'ESL Challenger Jönköping, pour remettre le pied à l'étrier avant des lans aux enjeux plus importants comme le RMR ou la Pro League ?

Oui, puis on ne s'était pas vu depuis la création de l'équipe. Juste ça, c'est cool de voir tout le monde, de voir de nouvelles têtes. C'est sûr que, là, on ne fait pas un résultat satisfaisant du tout, mais bon... on préfère le faire maintenant que lors du RMR.

Là, on sait ce qui a péché, on va pouvoir travailler. On s'est vu, maintenant on a une structure, donc on va peut-être faire un bootcamp. Au final, je pense que cette lan sera très positive, même si, là, le résultat n'est pas à la clef.

 

Si tu n'as pas cette espèce de cercle vertueux, c'est très difficile de progresser et même juste d'aimer ce que tu fais.

 

La prochaine grosse échéance va être la Challenger League, avec le slot pour la Pro League. Avec les performances que vous avez montré jusque-là plus les enseignements que vous allez pouvoir tirer de Jönköping, penses-tu que vous avez les cartes pour accrocher cette qualification ?

On a les cartes, on a le potentiel, ça c'est sûr, on l'a montré ces dernières semaines. Maintenant, la clef ce sera d'avoir cette régularité le jour J. Pour moi, tout est une question de régularité, on est capable de gagner des matchs, maintenant il faut les gagner le plus souvent possible pour se qualifier à tous les gros tournois. Là, on doit gagner deux Bo3 je crois pour se qualifier en Pro League ?

Oui.

Donc voilà, il va falloir progresser pour que, le jour J, on arrête de perdre contre ces équipes un peu moins fortes et qu'on puisse upset de plus grosses équipes.

On va terminer sur le Major. On parle beaucoup de Jönköping comme d'un entraînement pour le RMR, c'est un sujet qui revient souvent. En parallèle, je te sens de nature assez calme, avec du recul. Dirais-tu que le Major est un objectif qui t'anime profondément, tous les jours, ou as-tu une vision plus sur la durée, de progresser tout au long de l'année jusqu'à arriver sur le RMR ?

L'avantage, maintenant, même s'il n'y en a eu qu'un cette année, c'est qu'il y a deux Majors par an. Donc, oui, on peut voir un peu plus sur le long terme et se dire qu'il y en aura d'autres. Mais, c'est clair que l'objectif principal, c'est toujours le Major.

C'est l'évènement à ne pas rater, où on doit performer. C'est l'objectif à long terme et tout le monde a les yeux dessus. Si on se rate, on va être déçus.

C'est l'objectif principal et on ne travaille que pour ça.

 

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