Prolongations sur la troisième carte de la grande finale, personne ne pouvait rêver mieux comme conclusion de ces finales StarLadder i-League saison 3. FaZe et Astralis se sont battus jusqu'au bout du bout, et la première a finalement réussi à écrire, enfin, son nom sur le trophée d'un tournoi Counter-Strike. Au crépuscule de cette semaine de jeu, beaucoup de choses méritent que l'on s'y attarde un moment.

FaZe a trouvé la bonne formule

Un Français kické par son ancienne équipe, un Danois mis sur le banc par ses ex-coéquipiers, un Finlandais, un Norvégien et un Bosnien qui n'avaient encore jamais rien gagné malgré leur talent indéniable : il fallait donc tout ça pour que FaZe gagne son premier titre. L'équipe internationale était à une marche d'y arriver à Katowice, elle l'a grimpée en Ukraine, prenant sa revanche sur Astralis lors de la grande finale. Pourtant mal engagée après avoir perdu sur Mirage, sa carte, elle a ensuite tourné en sa faveur grâce à un side défensif impeccable sur Nuke et à une résistance poussée sur Inferno, ne cédant pas lorsque le score était de 15-13 puis 17-16 pour Astralis.

Et dire que tout aurait pu s'arrêter dès les poules. Battu par HellRaisers et North, FaZe se retrouvait face à SK lors du match décisif, sans doute le tirage le plus compliqué. Ne mettant que huit rounds en CT sur Train, les pronostics ne lui étaient pas favorables, mais son attaque allait se révéler parfaite et huit rounds plus tard, le score passait à 16-7 : FaZe gagnait son rendez-vous avec le destin et éliminait l'un des favoris à la victoire finale.

Six pistols rounds (sur six) remportés face à G2, trois (sur quatre) contre HellRaisers, cinq (sur six) lors de la finale, la formation cosmopolite a su mettre toutes les chances de son côté pour aller au bout. L'avantage d'avoir cinq énormes individualités, c'est qu'il y en a toujours une pour prendre le relais lorsqu'une autre va moins bien. Si l'on rajoute RobbaN et karrigan pour l'aspect tactique, cela fait très mal. FaZe l'a prouvé à Kiev.

Et kioShiMa dans tout ça ? Top fragger de la finale, le Français a su tenir son rang et a démontré qu'il avait bien sa place ici. En soulevant le trophée, il est devenu le deuxième joueur de la scène, après apEX, à remporter un tournoi avec quatre lines-ups différentes (avec au moins deux joueurs différents dans chaque). Et il a aussi prouvé que non, l'international n'était pas qu'une solution temporaire : on pouvait aussi y gagner. Et en profiter pour faire de superbes entrées en scène.

Astralis est bien la meilleure équipe du monde

La victoire au Major n'était pas un oneshot, ça, Astralis l'avait déjà prouvé lors des IEM Katowice. Et en atteignant de nouveau la finale ici, elle a aussi montré que son ère était peut-être en train de débuter, voire que l'on était déjà en plein dedans. Depuis l'arrivée de gla1ve, en sept lans jouées, elle n'a jamais fait moins bien que demi-finaliste, et est repartie avec le plus gros chèque sous le bras à trois reprises.

Elle a aussi démontré que personne, ou presque, ne lui résistait : fnatic et SK battus lors de la première phase, Na'Vi balayé 2-0 en demi-finale (comme à Katowice), seule FaZe avec karrigan à sa tête et North, le rival national, ont su trouver la faille. Et encore, dans les deux cas, il aura fallu des overtimes. Loin de la fébrilité qu'on lui connaissait encore l'an passé, la line-up danoise apparaît maintenant sûre d'elle, même lorsqu'elle commence mal ses matchs comme ce fut le cas contre CLG, lors de la ronde suisse puis en quart de finale.

Encore une fois excellent, device a été un peu seul lors de la grande finale pour faire gagner les siens. Si dupreeh et Kjaerbye avaient été un peu plus présents, pas sûr que le résultat final aurait été le même. Astralis n'est pas encore invincible, mais sa régularité collective fait sa force. Le jour où ce sera le cas pour chacun de ses joueurs, pas sûr qu'elle laisse grand-chose aux autres.

G2 a fait des promesses pour l'avenir

Et on s'est enflammés. NiP broyé, HellRaisers humilié, SK violenté, G2 a réalisé une première phase incroyable, n'encaissant que 16 petits rounds en trois matchs disputés et se qualifiant aisément pour la suite. Celle-ci, malheureusement, se passera un peu moins bien avec une élimination contre FaZe dès le premier tour de l'arbre. On pourra maudire le tirage au sort, qui a donné FaZe aux Français alors qu'il aurait aussi pu leur attribuer CLG, on pourra parler de l'horaire, 10h heure locale, bien matinale pour disputer un match à enjeu, surtout lorsque l'on sait que shox n'est pas du matin, on pourra aussi évoquer ce jour sans rencontre disputée entre la ronde suisse et l'arbre, qui aura peut-être cassé la dynamique instaurée. Mais tout ça reste anecdotique.

Non, ce qui est important, c'est que G2 a affiché en lan un niveau tout autre que celui aperçu en ligne. Appliquée, disciplinée, vérifiant chaque recoin, nettoyant consciensieusement le moindre pixel de map susceptible d'abriter un ennemi, pendant trois cartes, l'équipe française a joué au niveau que tout supporter ne voyait plus qu'en rêve depuis presque un an. Et le tout sur trois cartes différentes : Inferno face à NiP, Cobblestone contre HellRaisers, Overpass face à SK.

Le match contre FaZe a été plus brouillon, les clics étaient moins précis, les exécutions moins travaillées. Et aucun pistol round gagné, déjà que dans un Bo1 ce n'est pas la joie, en Bo3, bonjour les dégâts. Malgré tout, G2 a remporté une carte et n'a pas eu à rougir de sa prestation. Bien plus que le résultat final, un top 5/8, la formation de coach SmithZz a montré à quel niveau elle était capable de jouer. Et ce niveau est haut, très haut. Sans aucun doute équivalent à celui des tout meilleurs. Les joueurs ont dû le sentir. Et, tout comme nous, eux aussi vont sûrement avoir envie de tout faire pour le retrouver.

HellRaisers confirme, CLG surprend

Vainqueur des qualifications pour la DreamHack Austin et la DreamHack Tours, cinquième en ESL Pro League, HellRaisers affichait une forme tonitruante en ligne ces derniers temps, à tel point que beaucoup n'ont pas hésité à taxer l'équipe de l'est de "mousesports bis" : excellente sur internet, très moyenne en lan. Bien mal leur a pris, puisque HR a réussi à dépasser toutes les espérances, terminant sur un top 3/4 obtenu après un tournoi de haute volée.

La rouste encaissée contre G2 (16-2) fait un peu tâche mais en dehors de ça, la formation menée par ANGE1 a montré du très beau jeu, résistant à la remontée de NiP en poules pour obtenir son ticket de quart de finaliste, avant de remporter de nouveau un match très serré face à North lors de ce quart. Pour une fois, bondik n'a pas déçu, et DeadFox a confirmé son statut d'étoile montante. La scène est prévenue : HellRaisers sait bien jouer de partout.

CLG a, de son côté, surpris tout le monde. Qualifié américain surprise, profitant des déboires de Cloud9, les plus optimistes voyaient la line-up nord-américaine battre une équipe asiatique, et c'est à peu près tout. En réalité, CLG a en effet humilié les Chinois de UYA, mais a aussi et surtout vaincu Gambit (sur Cobblestone, première défaite pour Gambit sur cette carte en lan depuis l'arrivée de Zeus) et Immortals pour finir sur un très bon top 5/8. Et même face à Astralis en quart, elle a crânement joué sa chance. Le retour de FNS et le recrutement de Rickeh n'avaient pas convaincu grand monde, et pourtant, CLG a peut-être trouvé de quoi se relancer.

Virtus.pro, SK Gaming, Immortals, le moral est au plus bas

Katowice était censé être une erreur de parcours pour VP et SK, une sortie dès les poules provoquée par un format un peu atypique et un groupe extrêmement relevé. Sauf que la même chose s'est produite cette fois-ci à Kiev, dans une ronde suisse qui avait pourtant toujours souri à ces deux-là jusque-là. La foudre s'est abattue sur les Polonais, qui ont réalisé une lan catastrophique, encore plus que d'habitude dans leur cycle "on est les meilleurs - on est au fond". Neuf rounds inscrits en trois cartes (!), trois humiliations d'affilée, un byali totalement absent, rien n'a marché. Sans doute le contrecoup du très bon début d'année (finale au Major ELeague, victoire à la DH Las Vegas), mais quand même, cela fait toujours un peu bizarre.

Pour SK, les choses sont plus inquiétantes. Si felps semble pourtant bien intégré, réalisant d'un point de vue personnel de très bons matchs, l'équipe ne semble plus fonctionner comme avant. FalleN a toujours autant de mal à retrouver son niveau de l'an passé et traîne souvent au fond du scoreboard mais surtout, les Brésiliens ne semblent plus maîtres nulle part, que ce soit Train où ils se sont inclinés deux fois (contre Astralis et FaZe) ou Mirage où TyLoo leur a donné du fil à retordre, même si cela a été bien rattrapé par la prestation contre VP ensuite. SK doit retrouver les clés de ce qui faisait son succès l'an passé, et cela passe par un leader à son meilleur niveau et des lieutenants peut-être plus impliqués autour de lui.

Pas mal de monde va partir d'Ukraine moyennement satisfait : Immortals, qui semble ne jamais vouloir franchir le dernier round de la ronde suisse, échouant encore une fois à 2-3 alors que tout le monde donnait les Brésiliens gagnants face à CLG ; NiP, plombé par un GeT_RiGhT qui n'arrive toujours pas à se remettre de ce fameux match perdu contre Vega Squadron ; Gambit, qui a peut-être montré les limites de son ascension ; North, sorti dès les quarts par une surprenante équipe d'HellRaisers qu'on pensait pourtant à sa portée ; Na'Vi, qui a montré du mieux mais qui semble avoir un vrai blocage contre Astralis, troisième défaite en autant de rencontres en 2017 ; les équipes asiatiques, qui n'ont quasiment rien montré d'intéressant, si ce n'est TyLoo pendant un side contre SK et Gambit. Il reste encore beaucoup de travail aux pays de l'extrême-orient pour se faire une place sur la scène.

Le classement final :

  FaZe Clan : 125 000 $
  Astralis : 50 000 $

3/4. HellRaisers : 25 000 $
3/4. Na'Vi : 25 000 $

5/8. G2 Esports : 10 000 $
5/8. North : 10 000 $
5/8. CLG : 10 000 $
5/8. fnatic : 10 000 $

9/11. Ninjas in Pyjamas : 6 000 $
9/11. SK Gaming : 6 000 $
9/11. Immortals : 6 000 $

12/14. MVP.Project : 4 000 $
12/14. Virtus.pro : 4 000 $
12/14. Gambit Gaming : 4 000 $

15/16. TyLoo : 2 500 $
15/16. UYA eSports : 2 500 $

Crédits photos : HLTV, StarLadder

Les prochains rendez-vous internationaux de haute volée :

• le cs_summit, du 19 au 23 avril prochain, avec EnVyUs
• la DreamHack Austin, du 28 au 30 avril prochain, avec G2 Esports

Pour plus de détails sur les lans à venir, vous pouvez aller avoir par ici.