bodyy

Après une nouvelle campagne ratée lors d'un Major, G2 Esports a fait appel à toi pour remplacer Ex6TenZ, à l'instar de ce qu'à fait EnVyUs avec DEVIL. Cependant, la différence est que tu remplaces un joueur et leader emblématique de la scène française présent depuis de longues années désormais. Tout d'abord, comment se sont passés tes premiers contacts avec G2 ? Avais-tu déjà quelques contacts au sein de l'équipe ou étais-ce un peu comme DEVIL lors de son arrivée chez nV ?

bodyy : Mon arrivé chez G2 s'est formalisée en quelques jours et les premiers contacts se sont très bien passés, ils ont tout de suite su me mettre à l'aise et m'intégrer à l'équipe. J'appréhendais car je ne les connaissais pas du tout ! Je me suis directement retrouvé dans le grand bain, deux jours après mon arrivée, puisque nous sommes partis à Malmö.

Passer d'une équipe comme LDLC White qui domine la scène subtop française à une formation qui essaye de jouer les premiers rôles sur la scène internationale est certainement un énorme défi pour toi. Au moment où l'on te propose de rejoindre G2, tu ne t'es pas dit que passer derrière Ex6 serait une tâche plutôt compliquée ?

bodyy : C'était effectivement un énorme défi pour moi, Ex6 est un joueur que j'admire et je me suis dis qu'il fallait que je travaille énormément pour prétendre à le remplacer... Toute proportion gardée car je n'assure pas le lead !

Dès tes premiers matchs, la communauté a semblé conquise par tes performances. Contrairement à DEVIL, tu n'as pas eu de grand changement au niveau de ton rôle in-game, comment s'est passée ton intégration dans l'équipe? Qu'est-ce que cela te fait d'évoluer désormais aux côtés de joueurs tels que shox ou ScreaM par exemple ?

bodyy : Effectivement mon rôle est très similaire à celui que j'avais chez LDLC White malgré une ou deux positions différentes en CT. Ils m'ont tout de suite mis a l'aise, mais il faut quand même un peu de temps pour prendre ses marques avec des personnalités differentes de celles qu'on a eu l'habitude de cotoyer pendant des années. C'est incroyable d'être entouré de 4 mecs que tu voyais jouer en stream dans les plus grosses compétitions inter depuis des années et c'est une énorme prise d'experience, de niveau et de confiance que de jouer avec eux.

Maintenant que vous êtes qualifiés pour l'ESL One Cologne après votre performance à Katowice, tu es désormais certain de participer à ton premier Major, est-ce un sentiment de réussite pour toi qui avait réussi à surprendre les Ninjas in Pyjamas avec Platinium en octobre 2014 lors de l'ESWC ?

bodyy : Je vois ça comme une réelle progression depuis cette période, si on m'avait dit qu'on allait battre NiP en 2014 et que j'allais jouer avec les meilleurs joueurs français en 2016, j'aurais probablement rigolé très fort. Je suis effectivement très heureux que nous nous soyons qualifiés à ce qui est mon premier Major et je pense que la qualification à ce tournoi n'est qu'une première étape.

shox

Depuis l'éviction d'Ex6TenZ, tu es désormais le capitaine de l'équipe, mais également son leader in-game, un rôle que tu avais déjà endossé chez EnVyUs par intermittence. Avant d'évoquer un peu plus en détail ton nouveau rôle, quelles ont été les raisons qui vous ont amené à vous séparer d'Ex6 ?

shox : On était arrivé à un point de "non-retour" dans le sens où l'on ne performait pas. On avait beau essayer plein de choses, même si nos résultats à l'entrainement étaient bons, le jour J on ne répondait pas présent et cela devenait de plus en plus difficile à supporter. Nous avions perdu la confiance dans le lead de Kévin et lui-même le ressentait, malheureusement quand un lead perd la confiance de ses joueurs, il n'y a pas grand chose à faire... C'est la fin de l'aventure.

A titre personnel, nous avons eu l'impression que l'arrivée d'un joueur comme bodyy t'as permis de te libérer en jeu et de redevenir le joueur qui impressionnait absolument tout le monde il y a quelques années de cela, étais-tu trop contraint par le jeu imposé par Ex6TenZ ? Quels sont les grands changements que tu as apporté au niveau de ce style par ailleurs ?

shox : Ce n'est pas spécialement une question de contrainte mais plus de confiance, en reprenant le lead et en ayant remporté le HTC 1on1, j'ai retrouvé une certaine confiance que je n'avais pas réussi à avoir depuis quelques temps. Je ne saurais pas dire spécifiquement quels sont les changements vis à vis du style qu'on a aujourd'hui, disons simplement que j'avais une idée bien précise de la manière dont je voulais gérer l'équipe et il s'avère qu'elle porte aujourd'hui ses fruits.

C'est donc une victoire très importante à mes yeux que de croire en quelque chose qui finit par se concrétiser. Pour les détails, disons que je donne plus de liberté et de responsabilités aux joueurs, spécialement SmithZz et ScreaM, ce que je trouve très important au sein d'une équipe.

Après un premier évènement compliqué dû à l'intégration de bodyy quelques jours auparavant, vous avez réussi à vous qualifier pour les finales de l'ESL Pro League à Londres récemment. Lors de cet évènement, vous surprenez Luminosity Gaming dès le premier match avant d'obtenir la première place du groupe face à OpTic Gaming qui venait eux aussi de créer la surprise face à Astralis. Ensuite, vous retournez la demi-finale face à fnatic avec la manière et vous nous offrez un BO5 de folie contre Luminosity Gaming en finale alors que tout le monde voyait G2 sortir dès les poules. Comment vous étiez-vous préparés pour cet évènement ?

shox : Nous n'avions pas eu de préparation spécifique, nous avions un plan de jeu, le tout était de travailler, de chaque jour réussir à progresser, à gommer les erreurs et à retenir le positif de nos expériences en pracc. C'est ce qu'on a fait de manière rigoureuse, et cela a payé à Londres. A mes yeux, c'est un résultat très important qui nous a permis de retrouver confiance en nous d'un point de vue individuel mais également de croire en ce que nous étions en train de travailler, et que cela marchait.

Il y a trois semaines, vous étiez présents à Katowice pour participer à la qualification offline pour l'ESL One Cologne. Après un départ canon lors des deux premiers jours (deux victoires face à TyLoo puis HellRaisers), vous connaissez deux défaites surprenantes face à mousesports tout d'abord puis Gambit, qu'est-ce qu'il se passait dans votre tête au moment d'aborder le match décisif face à Cloud9 ?

shox : Avant d'entamer Cloud9, nous nous le disions pas mais nous savions à quel point l'enjeu de ce match était important pour l'équipe et la tension était palpable. NiaK nous a dit quelques mots afin de faire retomber la pression et d'essayer d'oublier l'enjeu, tout simplement de jouer à CS comme nous savions le faire car sans ça, nous allions passer à côté du match. Conseils très importants et vision très juste à mes yeux, nous l'avons mis en pratique, c'est ce qui à mon sens a fait la différence dans ce match, nous avons réussi à jouer d'une manière assez libérée alors qu'eux ont subi totalement l'enjeu de ce match.

ScreaM

Après un an sans participation à un quelconque tournoi majeur, tu signais ton retour au sein de ce type de compétition à Cologne avec Team Kinguin l'année passée. Avec cette équipe, tu as réussi à atteindre les quarts de finale de l'évènement en sortant Cloud9 pendant la phase de poules. Quel est ton meilleur souvenir lors de ce tournoi qui possède une ambiance si particulière d'après de nombreux joueurs?

ScreaM : J'ai eu la chance de jouer dans cette arène avec tant de monde... Je n'oublierais jamais ça même si l'on a pris une claque... C'était magique et je donnerais tout pour faire vivre ça à mes coéquipiers !

Depuis septembre 2015, te revoilà désormais au sein d'une équipe francophone. Si pendant les premiers mois, tu as semblé manqué un peu de régularité, la machine à headshot que tu es semble être de retour depuis l'éviction d'Ex6TenZ après la MLG Columbus, comme l'atteste tes statistiques à Katowice pendant la qualification offline pour Cologne (80% de headshot contre TyLoo puis 90% face à HellRaisers). Qu'est-ce qui a changé pour toi entre ces deux périodes, es-tu désormais un électron plus libre dans le jeu de G2 Esports ?

ScreaM : C'est un ensemble, je prends mon entraînement très au serieux. Même si l'on voyage beaucoup et que c'est dur de garder un rythme et conserver ses habitudes. Je me sens très bien et confiant dans cette équipe, dans le jeu et en dehors. C'est l'une des choses les plus importantes pour mon niveau. Et le fait d'être plus indépendant me soulage beaucoup, j'ai toujours été meilleur en étant libre.

Pour continuer un peu sur Cologne, vous vous êtes qualifiés en vous faisant une petite frayeur après la seconde défaite contre Gambit Gaming, mais la victoire contre Cloud9 a ensuite validé vos billets pour l'Allemagne. En sachant que vous allez bientôt jouer les finales des ECS, comment va se passer votre préparation pour ce neuvième major de l'histoire de CS:GO ?

ScreaM : La qualif Major pour moi ne voulait rien dire. On a passé un mois en voyage avec peu d'heures de jeu. On a ressenti qu'il y avait de la fatigue, du manque de pratique et aussi l'envie de rentrer à la maison... Mais je suis content qu'on ait réussi à se qualifier ! C'est le plus important. On est rentrés ensuite et on a beaucoup joué. Ca se passe bien depuis, on se sent prêts pour Cologne.

SmithZz

Pour une partie de la communauté, tu es considéré comme l'élément faible de cette équipe, mais tu es quand même capable de fournir d'excellentes performances de temps à autres. A ton avis, qu'est-ce qu'il te manque actuellement pour pouvoir être plus constant, ce qui pourrait peut-être permettre à G2 de passer à la vitesse supérieure sur la scène internationale ?

SmithZz : Je crois que l'on a montré le weekend dernier qu'on pouvait passer à la vitesse supérieure mais je vois où vous voulez en venir alors parlons-en ! J'ai perdu beaucoup de motivation l'année passée et les critiques n'y sont pas étrangères. Si je suis toujours là, c'est que j'ai la confiance de mes teamates, que je me suis rappelé que ça va faire dix ans que je suis dans l'équipe n°1 en France et que je continue de gagner des tournois majeurs. On a tous des rôles et des profils différents, c'est ce qui fait une bonne équipe et il y aura toujours des gens qui ne le comprendront pas. Je m'y suis fait et ce qui compte plus que le reste, c'est la confiance des gens qui bossent avec moi tous les jours.

RpK

Dans une précédente interview réalisée il y a quelques mois, tu nous disais que les arrivées de shox et SmithZz allaient te permettre d'élever ton niveau et également retrouver un peu de confiance. Aujourd'hui, malgré quelques performances en dent de scie encore, tu sembles plus à l'aise avec un peu plus d'expérience dans le jeu, mais penses-tu avoir atteint le niveau que tu t'étais fixé il y a quelques temps ou penses-tu pouvoir encore progresser sur certains points ?

RpK : Je suis plutôt content de ma progression ces derniers mois, j'ai encore de la marge et l'on peut toujours s'améliorer. Je vais continuer à travailler, notamment la gestion des stuffs et des situations de clutch dont je ne suis pas encore satisfait.

Lors de la MLG Columbus, tu disais également dans une interview pour HLTV.org que la « malédiction Titan » était désormais derrière vous avec votre arrivée chez G2 Esports. Malheureusement, peu de temps après, votre parcours s'est arrêté une nouvelle fois pendant les poules suite à une ultime défaite contre Virtus.pro en BO3 (09-16, 16-09, 07-16). Que vous a t-il manqué pour enfin atteindre les quarts de finale d'un major, chose que tu n'as jusque-là jamais réussi à faire dans ta carrière ?

RpK : Je trouve que l'on manquait de capacité d'adaptation et si en plus de ça on était pas dans un grand jour... Avec les changements qu'on a fait dans le jeu avec le lead de Richard et l'arrivée d'Alex, on a réussi a trouver la balance qui nous convient à tous. C'est encore le début mais la victoire aux ECS a confirmé qu'on était dans la bonne direction.

Il y a quelques semaines, vous avez participé à l'ELAGUE à Atlanta et vous vous êtes montrés assez solides tout au long de la phase de poules avant de littéralement vous écrouler lors de la finale face aux Ninjas in Pyjamas. De notre point de vue, nous avons l'impression que la compétition est organisée de manière très carrée avec très peu de temps-mort notamment. En plus de cela, les finales de chaque groupe sont retransmises sur le câble américain, qu'est-ce que cela change pour vous par rapport à d'habitude ?

RpK : Bosser avec les Américains sur un plateau TV... c'est tout un show, même en coulisses ! Tout est minuté, on est encadré dès qu'on met un pied dans les studios... Ils ont le sens du détail et une vraie expérience de ce qu'est un show réussi. Etre impressioné, oui nous l'étions, mais de là à avoir une pression supplémentaire non je pense pas. Chaque joueur sait se mettre dans sa bulle avant un match, on oublie l'environnement quand on rejoint le serveur. Si on perd contre NiP, c'est que nous n'avons pas bien joué et ça arrivera encore, même sans caméra et sans public.

NiaK

Pour en revenir au Major, vous tombez littéralement dans la poule de la mort avec SK, fnatic et FaZe. Quel a été votre ressenti général après le tirage à Katowice?

NiaK : On en a rigolé... on venait de se qualifier après un match décisif alors bon, le groupe c'était un moindre mal ! Avec plus de recul et suite à nos récentes perf, je pense que c'est un mal pour un bien. On a souvent eu du mal à jouer des équipes supposées moins fortes et là, avec l'enjeu, le bo1 etc.. Si on ne rentre pas à 200%, les mauvaises surprises ne se font pas attendre. Cette fois au moins, on ne se posera aucune question, soit on joue notre meilleur CS, soit on rentre à la maison. On est outsider et on va jouer cette carte sans complexe, si on atteint les play-offs, l'histoire n'en sera que plus belle.

Après votre seconde place lors des finales de l'ESL Pro League il y a quelques semaines, vous étiez de retour à Londres le week-end dernier pour participer aux finales des ECS cette fois-ci. Malgré une défaite initiale contre Team Liquid, vous avez su redresser la barre et accrocher la deuxième place de votre groupe, vous permettant ainsi d'affronter fnatic en demie. Au final, vous remportez l'évènement face à Luminosity en affichant une réelle maîtrise lors de la journée du dimanche et face à deux équipes qui seront dans la même poule que vous à Cologne qui plus est. Ce titre majeur, qui est le premier pour RpK sur CS:GO, n'arrive t-il pas à point nommé juste avant Cologne ? Pensez-vous que cette victoire vous a permis de prendre un quelconque ascendant psychologique sur vos adversaires à l'approche de ce groupe de la mort ?

NiaK : Indéniablement cette victoire est importante à l'approche de Cologne, avec qui plus est le groupe dans lequel nous sommes. La confiance fait beaucoup sur CS, et nous en avons engrengé pas mal. Je pense qu'on peut effectivement rappeler de mauvais souvenirs à nos adversaires si l'on prend l'ascendant. Pour autant, SK, Fnatic ou FaZe ont de la bouteille et certains n'ont pas apprécié la manière avec laquelle nous les avons battu. Ils seront mieux préparés à nous recevoir et beaucoup dépendra de notre capacité à les contrer à nouveau.

Un dernier mot à dire aux supporters français qui se déplaceront avec le bus VaKarM en espérant vous voir à la LANXESS Arena à partir du 8 juillet prochain ?