Fer de lance du sport électronique français, l'Electronic Sports World Cup n'a finalement que très peu réussi aux Français. Ainsi, les rares performances d'équipes tricolores à la Coupe du Monde sont facilement mémorisables. De la victoire surprise de Factory contre les supposés invincibles SK Gaming en 2004 au sacre de Clan-Mystik en 2013, considéré comme l'un des plus gros "upsets" de l'histoire de Counter-Strike, les Français se sont finalement accaparés ce tournoi que très récemment. 

L'illustration parfaite de ce phénomène est sans doute le binôme SmithZz - NBK. Les deux joueurs ont en effet participé aux quatre dernières grandes finales de l'ESWC et ne l'ont emporté qu'à une seule reprise, sur Source avec VeryGames en 2011. Omniprésents sur les podiums des dernières éditions, les Frenchies auront pu profiter d'un public acquis à leur cause dans le cadre du Paris Games Week. Avec l'expatriation de l'événement à Montréal, il sera intéressant de voir si le tournoi réussira encore aux Frenchies. Demandez à HaRts son avis sur le combo ESWC + Amérique du Nord. Cette foutue pause doit toujours être en travers de sa gorge. 

Si les équipes nord-américaines devraient avoir la côte auprès de la centaine de spectateurs sur place, Montréal, en tant que quatrième ville francophone du Monde, ne devrait finalement pas être très hostile aux joueurs français. Comme l'an dernier, la France pourra compter sur trois représentants. Les mêmes. Sur les quinze joueurs ayant évolué dans une équipe tricolore à l'ESWC 2014, seulement deux ne seront pas de la partie cette année. Il s'agit évidemment de l'ancien capitaine des Platinium-Servers, désormais connus sous le nom LDLC White, Brandon "Storen" Valembois ainsi que de Hovik "KQLY" Tovmassian, ancien Titan et dont c'était probablement le dernier événement international de sa carrière. 

Si Cédric "RpK" Guipouy fait son retour à l'ESWC après l'avoir remporté en 2011 et terminé second en 2012, ce sera une première expérience internationale pour Timothée "DEVIL" Démolon, joueur chez LDLC White. 

Trois équipes hexagonales, trois seeds différents. EnVyUs a logiquement écopé d'un top seed tandis que Titan devra se contenter d'un highseed et LDLC White d'un mid-seed. Néanmoins, la bonne nouvelle pour nos compatriotes est qu'ils ont tous une bonne chance de passer la phase de poules et ainsi accéder aux quarts de finale synonymes de places payées. Ce serait une première historique mais ne nous emballons pas trop vite et jetons un coup d'oeil à ce qui attend nos représentants dans cette phase de groupes. 

Notre plus grande chance :

 EnVyUs (NBK, SmithZz, Happy, Kioshima, shox)

Finalistes battus par Fnatic l'an dernier, les coéquipiers de Happy sortent de finales ESL ESEA Pro League décevantes après une double-défaite contre Cloud9. Un coup dans l'aile de joueurs qui avaient pourtant retrouvé une sacrée dynamique en écrasant Ninjas in Pyjamas en grande finale de la Gfinity Summer Masters I, une semaine auparavant. Néanmoins, le problème des BoysInBlue (s'il y en a véritablement un) semble résider à l'extérieur du jeu. Si des rumeurs circulent sur une soirée trop alcoolisée à la veille des quarts de l'ESL ESEA Pro League, la décontraction permanente des joueurs à l'entame des matchs, mêmes importants, peut également cacher une certaine suffisance. 

Ainsi, il ne serait pas surprenant d'apprendre que les EnVyUs ont un peu tendance à sous-estimer les équipes supposées moins fortes. C'est typiquement une erreur qui pourrait s'avérer fatale dans un tournoi comme l'ESWC où les challengers ont généralement la part belle dans une phase de poules en BO1. 

Son groupe :  Bravado Gaming,  Renegades,  Counter Logic Gaming

Si le fait qu'EnVyUs soit indiscutablement un pilier du top 5 mondial confirme à lui seul que cette équipe est la meilleure chance française lors de cet ESWC 2015, le tirage des poules confirme cette tendance. Si l'on peut d'ores et déjà écarter Bravado, Renegades et CLG sont les deux formations capables d'accrocher les Français. Les Américains ont prouvé qu'ils étaient capables de miracles la semaine dernière en battant Keyd Stars et Fnatic en BO1. Ce sera le plus gros danger pour les coéquipiers de shox. 

Les anciens Vox Eminor, désormais chez Renegades, ont également connu une période similaire en mai dernier lorsqu'ils avaient battu Team Liquid, puis accroché des cartes à Fnatic et Ninjas in Pyjamas durant la phase de poules de la Gfinity Spring Masters II. Le format étant sensiblement différent, l'avantage semble être du côté des CLG. Ils sont sur une belle dynamique et surtout ils ont remporté des BO1 décisifs contrairement aux Australiens qui ont "seulement" remporté des cartes dans des BO2. 

Tout cela pour dire que EnVyUs aurait pu tomber sur un groupe plus difficile. Avec une victoire quasiment assurée contre Bravado, les Français devront assurer au minimum une victoire contre Renegades ou CLG pour se qualifier. On a vu pire comme défi. Plus globalement, en l'absence de Fnatic, TSM et Virtus.Pro, EnVyUs est le principal favori à la victoire finale aux côtés de Natus Vincere. Ninjas in Pyjamas et Cloud9 suivent de près.  

On peut y croire : 

 LDLC White (bodyy, to1nou, matHEND, Fuks, DEVIL)

Vainqueurs de la qualification française qui s'est déroulée la semaine dernière, les LDLC White ont obtenu leur récompense pour leur saison réussie. Une nouvelle chance à l'ESWC après avoir été les invités de dernière minute en 2014 bénéficiant du forfait de l'équipe algérienne. Les hommes de matHEND qui évoluaient à l'époque chez Platinium-Servers étaient ainsi entrés dans l'histoire en éliminant Ninjas in Pyjamas dès les poules et entraînant par la suite le départ de Fifflaren. 

Un exploit qu'il faut aujourd'hui nuancer puisque les Français avaient tout de même terminé dernier de leur poule battus par les actuels Keyd Stars. Cette fois, les LDLC White seront attendus au tournant. Avec un bon mid-seed, ils ont écopé d'une poule tout à fait à leur portée. Ceux que l'on peut désormais appeler les champions d'Europe du subtop sur internet grâce à leurs impressionnants résultats dans les différentes ligues semi-professionnelles sont toujours à la recherche de LA grande performance qui leur permettra de passer au niveau supérieur. 

Cette performance, ils sont passés à deux doigts de la réaliser à la DH Tours face à EnVyUs et HellRaisers. Mais par deux fois, ils ont craqué au pire moment. Nouvel essai ce week-end à Montréal. 

Son groupe :  QeeYou,  Team Liquid,  Ninjas in Pyjamas

Avec seulement un mid-seed, LDLC White aurait pu taper deux gros poissons dans sa poule. Il n'y en aura finalement qu'un et ce sera une nouvelle fois Ninjas in Pyjamas. Les destins d'équipes sont parfois liés et les NiP devront faire face à ces jeunes fougueux pour la seconde fois en deux éditions. Certainement plus méfiants, il serait assez improbable que les Suédois réussissent l'exploit de perdre encore face à ces joueurs. 

Si l'on écarte QeeYou dont il est tout bonnement impossible d'évaluer le niveau, le match le plus important de cette poule sera sans doute Team Liquid vs. LDLC White. Une place en quarts de finale se jouera sûrement. Si LDLC White est en pleine confiance et sort d'une semaine de bootcamp, Team Liquid est passé à deux doigts d'une belle qualification pour les finales ESL ESEA Pro League. Beaucoup semblent sous-estimer les Français dans cette affiche mais c'est oublier à quel point il sera plus facile pour les coéquipiers de to1nou de se renseigner sur le jeu de l'équipe adverse.

Le seul bémol qui pourrait aller contre LDLC White serait donc l'éventuel jet-lag entraîné par les six heures d'avion. Néanmoins, les joueurs sont sur place depuis suffisamment de jours pour s'acclimater correctement et cette excuse ne devrait donc plus être valable une fois le match lancé.

Si l'on compare au groupe de Titan, on remarque que LDLC White a finalement plus de chance de passer dans l'arbre final que les numéros deux français. Cela marquerait la plus belle performance de cette équipe réputée pour sa stabilité et lui permettrait désormais d'être considérée réellement comme une équipe du top. 

On a un peu peur : 

 Titan (RpK, Maniac, Ex6TenZ, apEX, kennyS)

NiaK le dit lui-même, jamais Titan n'a connu une période d'une telle médiocrité. Eliminés dès les poules de la DH Tours puis difficilement qualifiés pour l'arbre de la DH Summer avant une nouvelle fois de tomber dans les groupes de la Gfinity Summer Masters I, les coéquipiers d'Ex6TenZ sont sur la pente descendante et rien, dans la situation actuelle, ne semble pouvoir arrêter cette chute. 

Même sur Internet, les Titan rament. Qualifiés à aucune phase finale des trois ligues majeures actuelles, le logo Titan va se faire rare cet été. Si le problème Titan mériterait des articles de 5 000 lignes à lui tout seul, on voit mal comment ils auraient pu le résoudre en seulement quelques jours. Nul doute que ne pas passer les poules à Montréal serait un coup tellement dur à encaisser qu'il ne sera ensuite même pas surprenant de voir l'équipe ne pas se qualifier à l'ESL One Cologne. Au quel cas, il sera sûrement l'heure du changement. 

Mais nous n'y sommes pas encore et même si nous ne sommes pas très optimistes dans les chances de succès de Titan, cette formation reste tout de même ancrée dans le top 10 mondial et est capable de nous sortir de mini-scénarios de rédemption l'espace d'une lan. 

Son groupe :  Natus Vincere,  Luminosity Gaming,  SK Gaming

Pour ne rien ajouter à la peine actuelle des Titan, même le tirage au sort leur est défavorable. Tombés dans la poule de la mort du tournoi, il est difficile de prédire n'importe quel résultat. Même Natus Vincere est en danger lorsqu'on voit comment les Russo-Ukrainiens se sont fait peur sur leurs terres lors de la Starladder. Titan est, qui plus est, dans une situation très délicate qu'Ex6TenZ déteste tout particulièrement. 

Vous savez ce groupe où vous êtes favoris et vous êtes entourés d'équipes n'ayant rien à perdre ? Et bien historiquement les équipes d'Ex6TenZ n'ont que guère apprécié ce genre de contexte. Ajouter à cela le BO1 et le cocktail peut s'avérer explosif. Si Titan connait bien Natus Vincere, Luminosity et SK Gaming seront sans doute deux énigmes dont il faudra rapidement trouver la solution. Il est simplement primordial pour Titan de passer les poules de cet ESWC Montréal. 

ESWC Montréal : Les poules

Sachez que Zozor sera sur place pour assurer un coverage minimum de cet événement.